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Sans titre

Ô Complimenteur téméraire1 ,

Insipide et pesant Voltaire,

Oses-tu comparer nos fiers Parisiens

À tes marmots d’Athéniens !

Va ! Paris méprise et déteste

Et tous tes Grecs et ton Oreste,

Et ton Sophocle et tes écrits

À la cour longtemps proscrits.

De Rameau la froide harmonie

A fait détester l’opéra,

Et bientôt ton faible génie

Sous nos sifflets succombera.

C’est l’honneur du siècle où nous sommes ;

Car où l’on siffle de tels hommes,

Quels doivent être leurs rivaux ?

Fière de triomphes moins beaux,

Qu’Athènes rampe et cède la victoire !

Paris, un dieu veille à ta gloire,

Voltaire et Rameau sont honnis,

Et l’on va voir briller au temple de Mémoire

Le grand nom de l’abbé Bernis2 .

  • 1Un ami de M. de Voltaire s’est voulu moquer du public, qui faisait en même temps peu d’accueil au plus grand de nos poètes et au premier de nos musiciens. Le tour est assez adroit, mais les vers m’ont paru mauvais (Raynal)
  • 2Vers contre Voltaire sur sa tragédie d’Oreste.

Numéro
$3918


Année
1750




Références

Clairambault, F.Fr.12720, p.57 - F.Fr.10478, f°408r - F.Fr.15153, p.311-12 - BHVP, MS 661, f°12v-3r - CLG Raynal, ed. Tourneux, I, 408