Sans titre
Cruel et fâcheux mois de mai,
Qu’est devenue votre verdure ?
On ne voit plus sur nos guérets
Que neige et grêle pour parure.
Ces verts gazons, ces beaux tapis
Qui réjouissaient la campagne
Où j’allais si souvent jadis
Avec Margotton ma compagne,
Aujourd’hui ne me tentent plus
Et tout de même qu’en décembre
Je suis au coin du feu reclus
Et n’oserais quitter ma chambre.
Nos troupeaux, tristes, languissants,
Ne bondissent plus sur l’herbette
Et par d’ennuyeux bêlements
Nous découvrent bien leur disette.
On voit le triste laboureur
Perdre tout à fait espérance.
Les amoureux n’ont pas le
De mener leur belle à la danse.
Or prions le doux rédempteur
Qu’il nous exempte de famine
Et qu’il envoie au laboureur
De quoi faire de la farine.
Mazarine Castries 3987, p.253-54