sans titre
Que dans vos yeux Jansénius
Trouve de fortes armes !
Que la Bulle Unigenitus
Tient peu contre vos charmes !
Que pour vous, Iris, de bon cœur
Je me fais janséniste ;
Mais ayez pour moi la douceur
D’une âme moliniste.
Je vois l’amour armé de traits
Qui vous suit à la trace,
De votre air vif, brillant et frais
La grâce est efficace.
Je soutiendrai ce dogme-là
Même en thèse publique,
Quand on devrait chez Loyola
M’appeler hérétique.
Croyez-moi, fuyez les amants
Qui sont d’une autre secte1 .
Ne lisez pas leurs mandements,
Leur doctrine est suspecte.
Quant à moi, je ne croirai rien
Sous votre aimable empire,
Si votre agréable entretien
A mon cœur ne l’inspire.
Je soutiendrai vos doux appas
En docteur de Cythère,
Contre eux on ne me verra pas
Signer le Formulaire ;
Et si jamais votre courroux
Me condamne ou m’exile,
Je n’en appellerai qu’à vous,
Point au futur concile.
N’allez pas, comme avec Quesnel,
En casuiste légère,
Me faire un procès criminel,
Je crains votre colère ;
Pour mes tendres réflexions,
Quelle heureuse fortune
Si de cinq propositions
Vous en acceptiez une.
Je suis prophète, belle Iris,
Mon nouveau jansénisme
Va gagner la cour et Paris,
C’est fait du molinisme.
Ces docteurs à vos agréments
Ne savent pas répondre
Et vos yeux sont des arguments
Qui peuvent les confondre.
On voit en vous, de Port-Royal
Ressusciter l’élite
Vous avez l’esprit de Pascal
Et d’Arnauld le mérite.
On peut exalter vos attraits
Sans craindre l’hyperbole,
Et j’estime plus vos essais
Que ceux du grand Nicole.
- 1Ce couplet ne se trouve que dans BHVP, MS 559.
Maurepas, F.Fr.12631, p.251-52 -Arsenal 8°T4952 (imprimé) - BHVP, MS 559, f°13r-14r - BHVP, MS 703, f°43r-44r - BHVP, MS 705, p.219-22 - La Harpe, CL, t.V, p.115