Sur le prince d’Hénin
Sur le prince d’Hénin1
Depuis qu’auprès de ta catin2
Tu fais un rôle des plus minces,
Tu n’es plus le Prince d’Henin,
Mais seulement le Nain des Princes3
.
Chez la doyenne des catins4
Ta place est des plus minces.
Tu n’es plus le prince d’Hénin
Mais bien le nain des princes5
(Correspondance secrète)
- 1Autre titre: Couplet-calembour sur le prince d’Henin (F.Fr.13652) - L’auteur de ce quatrain, Champcenetz, fut exilé à la requête du prince d’Hénin. (R)
- 2Il courait depuis quelques jours un quatrain sur le prince d’Henin, capitaine des gardes du corps du comte d’Artois, qu’on n’a pas daigné recueillir dans le moment parce qu’il ne contenait qu’un calembour. Malheureusement sous cette pointe grossière étaient renfermées des vérités dures, concernant la bêtise, la crapule et la nullité de ce seigneur, lié avec toutes les impures de Paris, et surtout ne désemparant pas de chez Mlle Arnoux, qu’il ennuie du matin au soir. Il a su que le quatrain était de M. le marquis de Champcenets, gouverneur des châteaux de Meudon, Belle-vue et dépendances en survivance de son père, un des chansonniers de la Cour et rival en ce genre du marquis de Louvois. Il s’est plaint au comte d’Artois son maître, et M. de Champcenets a été condamné par le Roi à être exilé pendant deux ans, dont six mois dans un château-fort, et pour le reste, sa famille a obtenu qu’il le passerait à voyager. Cette anecdote rend précieux les vers qu’on dédaignait. (Mémoires secrets, 26 septembre 1779)
- 3 - 28 septembre – Outre le quatrain sur le prince d’Henin, on attribue au jeune Champcenets les couplets sur la comédie et beaucoup d’autres choses sur la cour. Il paraît que le père, sachant le sort dont sonfils était menacé, a mieux aimé le prévenir, en demandant lui-même au roi un ordre pour le faire arrêter. (Mémoires secrets) (R)
- 4Vers sur le prince d’Hénin, amant de Mlle Arnould, et nommé le prince conservateur par le comte de Lauraguais qui entretenait précédemment cette actrice (Kageneck)).
- 5Ces vers, attribués à M. de Champcenets, auquel ils coûtèrent un duel et une disgrâce, étaient en réalité du marquis de Louvois qui laissa dire et laissa blesser l’usurpateur(M.).
Raunié, IX,238 - F.Fr.13652 p.530 - BHVP, MS 705, p.232v - CSPL, IX, 36 - Mémoires secrets, XIV,188-89 et XIV, 190 - Corespondance secrète, t.I, p.289 - Kageneck, p.75