Aller au contenu principal

Ode au chancelier Maupeou

Ode au chancelier Maupeou1

France où sont ces cris d'allégresse,

Que tu prodiguais à ton Roi2 ?

D'où vient cette morne tristesse ?

Mes sens en sont glacés d'effroi.

Pourquoi, sous le plus doux monarque,

Ne vois-je que l'affreuse marque,

De la servitude et des fers ?

Les lois sujettes au caprice,

Et les palais de la justice,

Ou déshonorés ou déserts ?

0! Toi, monstre que la nature

Ne put enfanter sans horreur3 ;

Fléau de la magistrature,

Voilà le fruit de ta fureur.

Longtemps ta dangereuse adresse

Sut cacher une âme traîtresse

Sous le dehors le plus humain.

De loin méditant ta vengeance

Tu convoitais cette puissance

Qui t'en a frayé le chemin.

 

Maupeou que l'éclat de la foudre, 

Vengeant le prince et les sujets ; 

T'écrase et te réduise en poudre, 

Avec tes odieux projets! 

C'est de ton cœur impitoyable, 

Que le despotisme exécrable, 

Sortit pour étouffer les lois. 

Tremble, il est temps que la justice 

Epouvante par ton supplice 

Les lâches corrupteurs des rois.

 

Et vous4 que sa main téméraire,

Osa faire asseoir sur les lys ;

Troupe servie et  mercenaire,

Sortez du temple de Thémis.

Vils oppresseurs de l'innocence,

Dont l'injustice et l'ignorance,

Ont seules dicté les arrêts ;

Chargés de la haine commune

Traînez une vie importune

Dans la honte et dans les regrets.

  • 1 Attribuée au poète Guichard (Hardy)
  • 2Au château de la Muette dans le mois de juin (Hardy).
  • 3 Le Sr de Maupeou (Hardy)
  • 4 Les soi-disants Inamovibles (Hardy).

Numéro
$5851


Année
1774 novembre

Auteur
Attribuée au poète Guichard



Références

Hardy, III, 661