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sans titre

Pauvre papier, pauvre papier1 ,

Que ton destin est déplorable !

Las ! de tous les coups on t’accable !

Qu’on se plaît à t’humilier !

Encore, si dans ta détesse

Tu servais à torcher le cul

De quelque petite maîtresse,

Ou d’un chanoine bien dodu,

On plaindrait moins ton sort peut-être.

Mais te voir souiller par les vers

De la Harpe et des sots divers

Qui t’ont adopté pour leur maître ;

Recueillir toutes les horreurs,

Sans esprit et sans caractères

D’avocats, procureurs, notaires,

Te noircir des sombres couleurs

Sous tant d’écrivains somnifères.

Pauvre papier, pauvre papier,

Que ton destin est déplorable !

Las, de tous les coups on t’accable !

Marmontel n’a pu barbouiller2 .

  • 1 Nous sommes inondés d’almanachs de toutes les couleurs ; dans cette abondance si stérile, il n’y a pas un trait à recueillir. Mais tout cela sert à la vente du papier, et le commerce s’en trouve bien ! A propos de papier dont on gâte tant de rames, on a fait ces vers (CLS).
  • 2 Il semble manquer un vers.

Numéro
$5997


Année
1776 janvier




Références

CLS, 1776, p.9 - CSPL, II, 312