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La Résidence

La Résidence1
Un évêque de grande mine
Et dont le nom me reviendra,
Payait du trésor de l'église,
Comme l'usage l'autorise,
Une actrice de l'Opéra ;
Tandis qu'à Paris, à Versailles,
Pour édifier ses ouailles
Il faisait chaudement sa cour
Et l'amour,
Un mot lâché dans une thèse
Sur l'origine des pouvoirs
L'appela dans son diocèse,
Et le grave prélat, fidèle à ses devoirs,
Vint prendre le congé de sa belle Thérèse.
On se jura fidélité,
Foi d'apôtre et d'honête femme.
Mais contre les serments faits dans la volupté,
On proteste bientôt et le plaisir réclame
Les douceurs de la liberté.
L'évêque part ; un abbé lui succède ;
Un juif après est écouté ;
Puis Milord Spleen qui la prend pour remède
Par ordre de la faculté,
Prouve que le plaisir est bon pour la santé.
Milord des médecins remplissait la formule,
Quand l'évêque parut, jeûnant depuis deux mois ;
Il ouvre le boudoir… quel affront ! il recule,
Et témoin du forfait, il élève la voix ;
Mais Thérèse avec assurance
Lui dit : Calmez votre fureur,
A la cour de Vénus il n'est point de dispense,
Apprenez que dans la rigueur
Une maîtresse est libre après trois jours d'absence.
Ce bénéfice, Monseigneur,
Quoiqu'à simple tonsure, exige résidence.

  • 126 mars – Il court depuis quelque temps une plaisanterie en vers intitulée La Résidence. Cette satire, attribuée au chevalier de Boufflers, paraît dirigée en général contre les évêques, sans qu'on y en trouve aucun d'eux désigné spécialement. La voici (M.)

Numéro
$2542


Année
1784

Auteur
Boufflers (chevalier de)



Références

F.Fr.13653, p.336-37 - Mémoires secrets, XXV, 227-29 - CSPL, t.XVII, p.312-13