

Un métier difficile1
Si le Roi me faisait présent
Aujourd’hui d’une place
De conseiller ou président,
Peu sensible à la grâce,
Je lui dirais : Sire, chez moi
Je serai plus tranquille,
Et j'ai trouvé que cet emploi
Devient trop difficile.
Quoiqu’ils soient vos premiers sujets,
Qu’ils chérissent leur maître,
Vous les avez créés exprès
Pour vous faire connaître
Et les maximes de l’État
Et le bon et l’utile ;
Mais le devoir de magistrat
Devient trop difficile.
Un ministre de bonne foi
Peut se tromper lui-même,
Et faire agréer à son Roi
Quelque mauvais système ;
Au lieu qu’un grand corps tout entier
Doit être plus habile
Dans les choses de son métier ;
Mais qu’il est difficile !
Passer des déclarations
Qu’un ministre suggère,
Et sans représentation
Et sans qu’on délibère ;
C’est manquer à vous, à l’État,
Que d’être si docile ;
Donc le devoir d’un magistrat
Devient bien difficile !
Ils n’ont aucune autorité
Que de votre puissance.
Vous avez remis, par bonté,
Dans leurs mains la balance.
Leur devoir donc est de peser
Au poids de l’Évangile,
Et de ne vous rien déguiser :
Mais qu’il est difficile.
Quelque bon et judicieux
Qu’un monarque puisse être,
Il ne peut de ses propres yeux
Tout voir et tout connaître.
Avec respect et fermeté,
Le magistrat habile
Doit lui montrer la vérité ;
Mais que c’est difficile !
Vous êtes maître de leurs biens
Ainsi que de leur vie,
Mais ce sont les dignes soutiens
De votre monarchie ;
Et l’on doit tout sacrifier
Dès qu’on vous est utile,
Ou bien laisser là le métier
Comme trop difficile.
Numéro $1158
Année 1757
Sur l'air de ... Joconde
Description
7 x 8
Références
Raunié, VII,278-81 - Clairambault, F.Fr.12721, p.197-99 - F.Fr.10479, f°535-536r - Arsenal 2964, f°234 - CLK, janvier 1757, t.I, p.40 - Hardy, III, 734
Mots Clefs Conflit entre le roi et le parlement, éloge du rôle de celui-ci