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Les Amours du comte de Clermont

Les amours du comte de Clermont1
Tout le public vous rit au nez,
Monsieur l’abbé,
Tout le public vous rit au nez ;
C’est une farce
De voir une garce
Dans un beau char, où vous la promenez2 .
Tout le public vous rit au nez.

Qui l’aurait jamais deviné,
Monsieur l’abbé ?
Qui l’aurait jamais deviné ?
Qu’une donzelle
Tournât la cervelle
Au petit-fils du grand Condé.

Vous étiez moins insensé,
Monsieur l’abbé,
Vous étiez moins insensé
Quand sous la chaîne
De la Camargaine3 ,
Dedans Berny vous étiez ignoré.


Le public il faut respecter,
Monsieur l’abbé ;
Le public il faut respecter,
C’est notre maître ;
Si grand qu’on puisse être,
Par des brocards il se fait redouter.

O la belle société,
Monsieur l’abbé !
O la belle société !
La charcutière4 ,
La cabaretière5 ,
La Saint-Germain6 et la Boulé,
O la belle société !

 

Accourez voir de tous côtés7

Monsieur l’abbé ;

Accourez voir de tous côtés ;

S’il quitte les princesses

Et les duchesses,

C’est par goût pour les culs crottés

 

Accourez, etc

 
  • 1M. le comte de Clermont a changé de maîtresse : il a pris Mlle Le Duc, danseuse de l’Opéra, qui n’est pas jolie, mais bien faite, et il l’a enlevée au président de Rieux, fils du grand Samuel Bernard, et pour qui il a fait des dépenses considérables. (Journal de Barbier.) (R)
  • 2« Pendant la semaine sainte, il a fait extrêmement beau, ce qui a favorisé le concours ordinaire de tout Paris aux ténèbres de Longchamps, ou, pour mieux dire, à la promenade du bois de Boulogne. Mlle Le Duc a paru le mercredi et le jeudi saints ; elle y a été de Paris, avec deux compagnons, dans un carrosse à six chevaux ; et il y avait dans le bois de Boulogne, pour la promener, une petite calèche toute neuve que le prince avait fait faire bleue et argent, et en dedans de velours bleu, brodée en argent, attelée de six petits chevaux, pas plus forts que des ânes ; cela était de la dernière magnificence, Mlle Le Duc, pleine de diamants, elle a été ainsi vue de tout Paris. Cela a non seulement blessé l’amour‑propre de toutes les femmes, mais cela a fort scandalisé tout le public, et cela a donné lieu à des chansons très vives contre M. l’abbé, qui a eu, dit‑on, une forte réprimande de Mme la Duchesse sa mère. » (Journal de Barbier.) (R)
  • 3« Il avait, depuis sept à huit ans, pour maîtresse Mlle Camargo fameuse danseuse de l’Opéra, d’où elle était sortie ; elle faisait sa résidence dans le château de Berny, terre de l’abbé de Saint‑Germain, mais on n’en parlait plus. » (Ibid.) (R)
  • 4 Sans doute, Mlle Quoniam, fille du rôtisseur, célèbre sous la Régence, par ses infortunes conjugales. Elle était chanteuse à l’Opéra, et avait eu le prince de Clermont pour amant avant Mlle Camargo. (R)
  • 5La Desaigles, actrice de l’Opéra. (M.) (R)
  • 6La directrice de l’hôpital de la Salpêtrière, où l’on enferme les filles de joie. (M.) (R)
  • 7(Couplet ajouté en F.Fr.15133)

Numéro
$0949


Année
1742




Références

Raunié, VI,315-17 - Clairambault, F.Fr.12710, p.73-74 - Maurepas, F.Fr.12646, p.71-72 - F.Fr.12675, p.417-18 - F.Fr.13656, p.399-400 - F.Fr.15134, p.554-56 -F.Fr.15140, p.66-67 -  F.Fr.15150, p.237-39 - Arsenal 3133, p.479-80 - BHVP, MS 549, f°69v-70v - BHVP, MS 705, p.304-06


Notes

Une autre version plus développée en $6474