Compliment au prince de Condé
Compliment au prince de Condé1
Si la langue était un outil
Qu’on pût montrer comme un fusil,
Mon général, en beau langage
Je vous ferions un compliment.
Mais je n’avons pas ce talent.
Nature, pour notre partage
A bien voulu nous accorder
L’obéissance et le courage,
Comme à vous l’art de commander.
Pour mériter votre suffrage,
Pendant l’été, pendant l’hiver,
Dans la plaine ou dans la caserne,
En vrais enfants de la giberne,
Nous allons patiner le fer ;
Bourbonnais, Piémont, Normandie,
Les dragons, la cavalerie,
A l’envi nous nous escrimons ;
Mon général, je pelotons,
Mais c’est en attendant partie.
Lorsque Condé nous mènera,
Nous offrons bisque à qui voudra.
Sous ses ordres vienne la guerre ;
Vive Condé ! nos grenadiers,
Toujours exercés à lui plaire,
Ajouteront à ses lauriers.
- 1Il fut adressé par les grenadiers de la garnison de Lille à leur général, à son passage, le 15 juin 1766. — Par M. Pascal, capitaine de grenadiers au régiment de Piémont. (M.) (R)
Raunié, VIII,66