Sans titre
Plus maigre que l’infante
Uraca
La Renelle et son rouge1
Sont devenus la proie des goujats
Les gardes crient : la gouge
Elle en aura
Allons bride en main
Tout le guet passera
De Messaline elle a l’allure.
Fleury plus chargé d’ans
Que de sens
De l’avenir se moque
La Denye2
s’efforce vainement
D’animer sa breloque
Il n’est plus temps
Fleury n’a plus d’âme
Ni de sentiment
Fleury n’a, ma foi, plus d’allure.
Or maître Chauvelin3
Mon cousin
Qui voit le beau manège
Moins fripon que Nivet4
Mais plus fin
Mitonne tout ce tapage
Soudain
Le parlement t’attend à la
Saint-Martin
On a démêlé son allure.
La Villars5
console
Monsieur Bouyn
Des mépris de la France.
Ah, se dit la Gontaut
Quel dessein,
Ils n’ont plus ni cadence
Ni refrain,
Ministre épuisé, décrépit
Putain
Je n’envierai point votre allure.
Ce n’est plus la Gontaut
Sans défaut
Qui malgré sa vérole
A vous et à moi fit
Faire le saut
Ce n’est plus que l’idole
D’un magot
Je voudrais comme elle
Devenir bigot
Sans en rien changer mon allure.
F.Fr.15133, p. 161-63 - Arsenal 2932, f°71v-73r - BHVP, MS 542, p.153-55 - BHVP, MS 548, p.133-36 - Mazarine MS 2166, p.340-42 - Mazarine Castries 3985, p.254-255
Datés de 1731 par le manuscrit Castries et de 1732 par Clairambault, il existe une très importante série de poèmes fondés sur le timbre de l’Allure dispersée dans les chansonniers. On les trouvera, pour le plus grand nombre, regroupés aux $1727-1736, 5428-5435, 6138-6140, ainsi qu’à $2802 et 3968. Ils relatent à leur manière le conflit du moment entre la monarchie et son parlement de Paris, ponctué d’arrêts, de remontrances, d’un lit de justice et, pour finir, d’une démission collective des magistrats suivie d’ordres d’exil pour les récalcitrants.