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Sur le chevalier d'Hautefort et Mlle de Kerbabu

Sur le chevalier d’Hautefort et Mlle de Kerbabu1
Or écoutez, petits et grands
Cet exemple de châtiment
Qui vient d’arriver dans la France
Contre un gros seigneur d’importance
A qui Jeanne de Kerbabu
A fait pourtant montrer le cu.

Ce tyran, fier de tous ses biens,
De son crédit, de ses moyens,
Voulut enlever cette fille
Qui est de fort bonne famille.
Disant qu’elle avait eu grand tort
D’épouser monsieur d’Hautefort.

Cet avare et riche héritier
Avait saisi tous ses papiers
Et le contrat de mariage,
Et par un grand excès de rage,
De fureur et de trahison,
Il voulait la mettre en prison.

Des satellites, des archers,
Comme autant de chiens carnassiers,
Avec un cœur plus dur que roche,
L’arrachèrent de son carrosse
Où sa mère était tout en pleurs
A détester tous ses malheurs.

Or étant donc arrivée
A Neaufle pour se reposer
Dieu eut pitié de l’innocence
Et lui donna son assistance,
Sautant de la fenêtre en bas
En descendant avec ses draps,

Elle tomba dans un marais,
Ayant de l’eau jusqu’aux jarrets,
Passant une nuit aussi dure
Dans un temps de grande froidure,
En chemise comme elle était,
C’était pour trépasser de froid.

Mais nos seigneurs de parlement
Ont bien pris la chose autrement
Car ils protègent l’innocence
Envers et contre la puissance,
Ce qui fait très certainement
Honneur à ce grand parlement.

Il a condamné le méchant
A tous intérêts et dépens
En outre une amende honorable
De douze livres au préalable,
Mais ce ne sera pas le tout,
Car il faut voir jusqu’au bout.

Or prions donc le créateur,
Jésus-Christ, notre rédempteur
Qu’il nous donne son assistance
Contre ceux qui sont en puissance
Et chantons ensemble à grands cris
Les louanges de monsieur Aubry.

  • 1En 1730, sur Mlle de Kerbabut qui voulait être comtesse d’Hautefort parce qu’elle avait été maîtresse du comte de ce nom, qui mourut subitement ; elle déclara qu’elle était mariée avec lui, ce qui occasionna un grand procès qu’elle a eu avec le chevalier d’Hautefort, dont elle l’a perdu, et a été déclarée concubine. (Arsenal 2932).

Numéro
$3761


Année
1730 / 1731 (Castries)




Références

F.Fr.9353, f°11r-2r - F.Fr.15132, p.  - Arsenal 2932, f°17r-19r - Arsenal 3116, f°101r-102r - HVP, MS 658, p.192-94 - Mazarine Castries 3985, p.1-4