Chanson nouvelle sur la victoire remportée en Italie
Chanson nouvelle
sur la victoire remportée en Italie
Accourez, peuple vendomois,
Venez admirer les exploits
De nos braves soldats françois,
O reguingué, et lon lan la
Que notre armée d’Italie
Vient de faire en Lombardie.
Ce fut un beau mardi matin
Le vingt-neuf du mois de juin
Que Mercy, général hautain,
Voulut attaquer notre armée
Sous les murs de Parme assemblée.
Pour mieux exciter le soldat
De se signaler avec éclat
Il leur dit, parlant de combat,
Amis, courons à la victoire,
Mais ne faut pas partir sans boire.
Aussitôt le verre à la main
Prend le premier du brandevin
En leur disant d’un air hautain
A vos santés, chers camarades,
Et qu’on leur verse à tous rasade.
Dès que la puissante liqueur
Leur eut bien échauffé le cœur,
Croyant par là d’être vainqueur,
Ils dirent d’un ton d’assurance :
Avec vous nous traverserons la France.
Aussitôt comme un vrai César,
Aussi alerte qu’un housard,
Mercy affronte le hasard.
Il part plus vite que foudre
Pour faire à tous mordre la poudre.
Oh, voyez donc comme il va,
Monsieur de Mercy que voilà.
Croit-il nous faire branler de là ?
Croit-il que la France guerrière
Souffre de lui les étrivières ?
Coigny, grand général françois,
Monté sur son grand palefroi,
S’est signalé comme autrefois,
Comme un lion à eux se présente
Et leur donne à tous l’épouvante.
Ce général tant renommé,
Ah, qu’il les a bien bâtonnés
Du bâton qu’on lui a donné,
Ces fiers ennemis de la France
Qui voulaient Parme et Plaisance.
Broglie, ce généreux guerrier,
Lui a bien prêté le collier
Sans craindre le saut de l’escalier
Il vous chassa cette canaille
Comme le vent fait de la paille.
Coigny n’est pas cogne fétu
Après les avoir bien battus
Leur fit bien virer le cu.
Ces deux héros d’intelligence
Les ont battus à toute outrance.
Les soldats et les officiers
Se sont tous montrés grands guerriers
En cueillant partout des lauriers.
Même un milicien de Vendôme
En treize coups tua treize hommes.
Ils ont perdu leurs généraux,
Nous leur avons pris cinq drapeaux
Plusieurs officiers généraux,
Armes, habits, tous leurs bagages,
Ce qui les transporte de rage.
Mais ce qui leur fait plus de souci,
C’est la mort du vaillant Mercy
Et plusieurs autres des plus hardis
Qui l’ont laissé sur la poussière
Ne pouvant leur faire de bière.
Wittemberg, Diesback et Palsy,
Valdeck et tant d’autres aussi
Qui ne craignaient point le défi,
Tous générau d’un grand mérite
Sont blessés et prennent la fuite.
Prions Dieu que notre grand Roi
Fasse à ses ennemis la loi,
Faisant la guerre de bonne foi
Et que plus d’une autre victoire
Couronne de nouveau sa gloire.
FIN
Clairambault, F.Fr.12705, p.467-69
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