Naissance du duc de Bourgogne
Naissance du duc de Bourgogne
Le Prince qui vient d' naquir,
Nous donne d' quoi nous étendre.
Son r'tard nous faisait languir,
Mais je n' perdons rian pour attendre :
Dam' pour faire des p'tits-fils de roi,
Faut s'y prendre a pus d'un' fois, (bis)
Grand merci notre Dauphin,
Vl‡ c' qu'on appell' un brav' homme !
Vous, vot' femme et le vin,
Je vous aimions, faut savoir comme !
S'il fallait l'éprouver, je
Vous ferions, pargué, voir beau jeu. (bis)
Y ah ! c'esté égau d' souffrir,
Quand on est payé d' sa peine,
C'est pourquoi qu'avec plaisir
Vient d'accoucher not' Dauphine ;
tre maman d'un héros,
Tourne les douleurs à zéro. (bis)
De notre cher roi Louis,
Ça chatouille les entrailles.
Il aime mieux un petit-fils
Que le gain de douze batailles.
C'est qu' la tendresse du coeur
Sied bian au méquié d' vainqueur. (bis)
Sapergué, vive un garçon !
J' nen aimons pas moins la fille ;
Mais c'est qu' toujours un timon
Fait ben d' l'effet dans une famille.
L'clair de lune fait plaisir,
Mais faut l’soleil pour tout meurir. (bis)
Le Commissaire du quarquier
N'nous mettra guerre à l'amende.
Je n'nous faisons pas prier,
Je ferions ben une autre offrande :
Quand la chandelle vaudrait vingt sous,
J' l'allumerions par les deux bouts, (bis)
Louis, tous ces grands esprits
Vont t'en chasser dans d' z'épîtres,
Mais leurs marveilleux écrits
Sont toujours les mêmes chapitres :
Y n' savent pas que tu n'es pas né
Pour avoir d' l'encens r'tourné, (bis)
Gn'en a z'un que j' connaissons1 ,
Qui n' se plaît que dans l’désordre,
Quand y varra nos chansons,
L' sacré chien n' manquera pas d'y mordre.
Y dit du mal pourre rien,
Mais y prend cher pour dir' du bien, (bis)
Mille guieux, y ferions ben mieux
D' joindre leux plaisirs aux vôtres,
Y serions moins ennuyeux
De ribotter avec nous autres,
Et de donner leurs rimations
Pour faire des illuminations (bis)
- 1Je crois que cela pourait bien regarder M. de Marepas, exilé pour des vers contre notre Roy (Mazarine Castries) - C'est sans doute, Roy, poète plus ou moins officiel, par ailleurs détesté, qui est visé (Barbier-Vernillat).
F.Fr.10478, f°620r-621r - Mazarine Castriers 3989, p.381-83 - Barbier-Vernillat, III, 146-48