Sans titre
Quoi ! j’aurais pu vous amuser,
Adorable princesse1 .
Q ue ne puis-je me déguiser
Pour vous parler sans cesse.
Tout mon esprit est dans vos yeux.
Le désir de vous plaire
A deux fois au rang des dieux
Un mortel ordinaire.
Si j’ai su vous inquiéter,
Pardonnez mon audace.
Je me flatte de mériter
Que vous me fassiez grâce.
Mon crime fût-il des plus grands
Un tel succès l’efface,
Et le culte que je vous rends
Me remet à ma place.
Cette prompte nuit va finir
Ma brillante aventure ;
De mon bonheur le souvenir
Deviendra ma torture.
Je vous remets, fille des dieux,
Au séjour du tonnerre.
Vous allez rentrer dans les cieux,
Je reste sur la terre.
- 1 Chanson faite pour Mademoiselle par M. Le Vayer*, ci-devant président, qui a mangé six cent mille livres, et qui est à présent lieutenant dans un régiment. Il s’est trouvé masqué dans un bal où était Mademoiselle. Il lui parla longuement et l’intrigua beaucoup. C’est alors qu’il composa pour elle ces trois couplets qu’elle loua si fort que depuis ce temps, il est toujours chez elle.( Castries)
Mazarine Castries 3987, p.195-96