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Honneur aux gris

Honneur aux gris1
Bacchus et le Dieu de Cypris
Se trouvent dans ces lieux chéris,
Aimons, buvons de ce vin gris ;
On est heureux quand on est gris

Ce vin échauffe les esprits,
Il fait que d’une froide Iris
On croit voir les yeux attendris.

Parmi le vin, les jeux, les ris
Un cœur est aisément épris,
Le plus sauvage est bientôt pris.

Mais si la belle a des mépris,
Si je lui vois des favoris,
Je bois, je chante et je m’en ris.

Souvent les plus fâcheux maris,
Les jaloux les moins aguerris,
En buvant se trouvent guéris.

Un philosophe en ses écrits
Dit que de tout il est surpris,
Mais un buveur a tout compris.

Chantons tous la gloire des gris,
On n’en trouve plus à Paris,
Ils sont tous ici réunis.

Messieurs, faisons honneur aux gris,
Vous en connaissez tout le prix :
Honneur aux gris, soyons tous gris,
On est heureux quand on est gris.

  • 1 - Cette chanson a été faite par M. de Pont de Veyle, au sujet d’un voyage de l’lsle Adam chez M. le prince de Conti, où tout le monde, hommes et femmes, étaient gris par ordre du prince. (M.) « Pour entendre l’à propos de ces couplets, il faut savoir que tous les hommes et toutes les femmes étaient en uniformes gris pendant le voyage, et qu’on changeait seulement les vestes et les garnitures de rubans, et il faut se rappeler aussi que gris veut dire un homme qui a une pointe de vin. Cette équivoque a fourni le refrain de la chanson. » (Correspondance de Grimm.) (R)

Numéro
$1195


Année
1761

Auteur
Pont de Veyle



Références

Raunié, VII, 335-36