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Le Veni creator du Visa

Le Veni creator du visa
1.
Esprit d’équité, de clémence,
Qui formez seul les empires heureux ;
Vous que l’on vit aimer toujours la France,
Accourez, secondez nos vœux.
Fils de Thémis, descendez avec elle ;
Cent juges convoqués, tous sortis de vos mains,
Vont fixer le sort des humains ;
Venez les éclairer et soutenez leur zèle.

2.
Vous nous consolerez dans nos douleurs extrêmes ;
Rien de plus grand, du haut des cieux,
Ne peut nous être offert de la bonté des dieux ;
Vous donnant aux mortels, ils se donnent eux-mêmes.
Vous êtes de leurs faveurs
La source vive et féconde,
Vos feux consument du monde
Les crimes et les erreurs.
L’homme, sans vous, dans l’abîme se plonge :
Vous inspirez les pieux sentiments.
L’homme, avec vous, découvre le mensonge ;
La vérité brille en ses jugements.

3.
Jadis, les sept sages de Grèce
Furent vos divins truchements ;
Contre tous les événements
Ils armèrent notre faiblesse.
Vous nous marquez la puissance des dieux
En nous indiquant leurs miracles :
Leur volonté se déclare à nos yeux ;
Vous faites parler les oracles…

4.
Servez de guide redoutable
A nos dignes sénateurs ;
De leur tribunal respectable
Écartez les suborneurs,
L’avarice et la flatterie.
Gravez au fond de leur cœur
L’amour de la chère patrie,
Dans ces instants il faut de la vertu.
Faites-nous supporter nos malheurs en silence :
Le vaisseau qui perd espérance
Quand il a longtemps combattu
Contre les vents, contre l’orage,
Et, lançant vers le ciel mille soupirs amers,
Il immole ses biens à la fureur des mers.

5.
Repoussez loin de nous du captieux système
Les attentats et les horreurs :
Que de l’autorité suprême
Tombent sur lui les trop justes rigueurs.
Tonnez, frappez : votre présence
De nos libérateurs accroît la fermeté.
Vengez-nous ; ramenez une heureuse abondance
Et la tranquillité.
L’Usure au front d’airain, et sa funeste suite
A votre aspect s’éloignent de ces lieux ;
Les ministres proscrits, confondus, odieux,
Ne trouvent de salut que dans leur prompte fuite.
Nous sommes craints de l’étranger,
Le calme succède au danger.

6.
Dites au Roi qu’il est le père
Des peuples soumis à sa loi :
Apprenez au sujet qu’il doit aimer son Roi,
Même le plus sévère,
Et caresser la main qui le punit.
A ce trait on connaît le nœud qui les unit ;
C’est vous qui le serrez : quel encens, quel hommage
Ne méritez-vous pas, grande divinité ?
Votre approche nous ménage
La liberté.

7.
Gloire à Louis, notre monarque,
Dont l’aveugle et cruelle parque
Osa menacer les beaux jours ;
Que de ses jeunes ans rien ne trouble le cours.
Gloire à Philippe ! sa mémoire
Se conservera dans l’histoire.
Que nos Horaces, dans leurs vers,
Chantent de ce héros la force et la prudence.
Gloire à l’esprit de la Régence ;
Il sait donner une reine à la France
Et la paix à tout l’univers.

 

Numéro
$3822


Année
1721?




Références

Buvat, II,314-17