Brevet de défenseur des franchises du Régiment
Brevet de défenseur des franchises du Régiment
Vu l’héroïque fermeté
Des députés de l’assemblée
Qui, jaloux de leur liberté,
Ont tout plat refusé d’emblée
De subir la commune loi
En payant un tribut au Roi,
Tribut il est vrai nécessaire,
Mais qui du profane vulgaire
Ne les distingue pas assez,
Eux qui, dans les siècles passés,
Se sont vus respecter sur terre
Et craints à l’égal du tonnerre,
Quand des foudres du Vatican
Un chacun redoutait la force,
Bien plus qu’en ce siècle ignorant
Où ce sont fusils sans amorce.
Eux, dont les biens sont destinés
Aux besoins des infortunés,
Et de qui les mains secourables
Poussent si loin la charité
Que maint d’entre eux meurt endetté
Pour trop aider les misérables.
À ces causes, de l’agrément
De tous les chefs du Régiment,
De par le dieu porte-marotte,
Nous, généraux de la Calotte,
Donnons brevet de défenseurs
De nos franchises, droits, honneurs,
Aux prélats délégués des Gaules.
Défendons à tous calotins
De rire et lever les épaules
Sur leur conduite aux Augustins,
Car nous approuvons leur routine
À décider les questions,
Soit de dogme ou de discipline,
Suivant l’école tambourine
Par ces mots tarare pompon.
Voulons qu’au bureau de doctrine
Soit que pour ou contre il opine,
On porte un respect filial
Comme au concile général,
D’autant que ceux qui le composent
De la foi savamment disposent,
Des hérétiques sont l’effroi.
Témoin la lettre écrite au Roi.
Si certains fréquentent les dames,
C’est pour gagner à Dieu leurs âmes.
Il faut pour attraper les loups,
Être alerte à boucher les trous,
Comme on dit en commun proverbe.
En tapinois souvent sous l’herbe
Dans un pré qui n’est pas fauché
Le serpent se trouve caché
Qui par son venin peut leur nuire.
Si, toujours prêts de les instruire,
De les aider à chaque pas,
Ces Messieurs ne les guident pas,
Comme la timide innocence
Est en proie à la médisance,
Que par ses traits envenimés
Les gens de bien sont diffamés,
Qu’à tort ces prélats respectables
Sont traités de banqueroutiers
Et partout réputés coupables
Du mal fait à leurs créanciers,
Nous, qui connaissons leur droiture,
Afin de les mettre à couvert
De cette grossière imposture,
Leur accordons le bonnet vert.
Fait dans le conseil calotin,
En janvier, la lune étant pleine,
Par nous, Aymon et Saint-Martin,
À table, à la Samaritaine.
F.Fr.9353, f°248r-249r - F.Fr.12654, p.117-119 - F.Fr.12785, f°61r-64r - F.Fr.15014, f°78v-81r - F.Fr.25570, p.323-325 - Arsenal, 3359, p.193-196 - Arsenal 2975, p.47-49 - Lille BM, MS 62, p.316-321 - Lyon BM, MS 754, f°160r-161r
Réponse à la lettre écrite au sujet de l’assemblée du clergé [£0344], calotte contre les évêques