Or, écoutez, petits et grand1 s,
Le mémorable événement2
Arrivé à un joli homme
Que général Ségur on nomme
Qui, sans combat, sans action,
S’est rendu à discrétion.

A discrétion, c’est mal dit,
De Linz il a lui-même écrit
A la tête de son armée
Tambour battant, mèche allumée
Seulement pour un an il va
Se reposer, car il est las.

Si les humains en sont surpris3 ,

Les cieux, je crois, le sont aussi,

Car depuis cette belle emplette

Ils ont fait naître une comète

Et ce phénomène fera

que jamais on ne l'oubliera.

Si Ségur a perdu l'honneur,

sa chère épouse de douleur

en a la petite vérole,

et vous verrez, sur ma parole,

l'époux de tout le monde honni,

l'épouse laide et cramoisie.

Ségur, d’Aubigné, Polastron,
Ces trois généraux de renom
Que nous ont donnés ces Belle-Isle
Pour de grands abatteurs de quilles
Mériteront avec raison
Un gîte aux Petites-Maisons.

Pour le grand comte de Vernon,
Ma foi, ce n’est pas un oison.
Pour nous la chance est tout entière.
Témoin son projet des barrières
Car toujours à ses fins il va
Et la France va cahin caha.

Or prions le doux rédempteur
Qu’il grave bien dans notre cœur
Pour approuver le ministère
L’aveuglement si nécessaire,
Lequel pour approuver Fouquet4
Détruit le royaume à forfait.

• 1Chanson sur Mrs de Ségur, d'Aubigny et Polastron.
• 2On sent bien qu'il est ici question de la capitulaition inouïe de Linz de ne servir un an contre la Reine de Hongrie, et de la comète qui parut le premier mars, qui quoique petite n'en est pas moins un phénomène assez rare puisqu'on n'en a point vu depuis 1581. Madame de Ségur eut la petite vérole le 15 mars (Mazarine Castries)
• 3Les deux strophes suivantes ne se trouvent que dans Mazarine Castries.
• 4Qui pour les beaux yeux de Fouquet / Met le royaume au berniquet. (Mazarine Castries)