Sauf-conduit du Régiment accordé au Sr de Saint-Martin,

lieutenant aux Gardes

Nous, Philippe-Emmanuel de Torsac, par la grâce de Dieu Généralissime de la Calotte, étant informé que le Sr de Saint-Martin1 , commandant la troupe militaire et comique des gladiateurs de notre Régiment, donne tous les jours de nouvelles preuves de sa capacité et suffisance dans toute sorte de genre, et surtout dans les spectacles ingénieux qu’il a donnés au public avec tout le succès que l’on devait attendre de ses rares imaginations, et comme il se rend de plus en plus capable de mériter les grâces que nous avons accoutumé de faire à ceux de nos officiers qui se distinguent actuellement par des actions éclatantes et dignes d’un corps aussi illustre que le nôtre, dont il nous a caché la plus grande partie par modestie, crainte d’épuiser le fonds de nos finances, toutes ces considérations nous engagent à le traiter favorablement. Ainsi, sur ce qui nous a été représenté, qu’une espèce de gens inconnus parmi nous, que le vulgaire nomme créancier, voulaient indûment et témérairement se pourvoir pour leur paiement, en vertu de quelques billets au porteur ou autres bagatelles de pareille espèce qu’il aurait répandus dans le monde par forme de divertissement, ce qui serait formellement contraire à la loi et privilège calotinorum art. 17 qui prononce expressément si quis commodaverit pecuniam calotinibus numquam exigere possit.

A ces causes, de l’avis du Conseil, nous lui avons fait expédier le présent sauf-conduit pour aller en toute sûreté où bon lui semblera. Faisons défenses à toutes personnes, de quelques qualités et conditions qu’elles soient, de le troubler ni poursuivre directement ou indirectement, soit pour lettres de change, billets ou autres actes obligatoires, à peine de 6 000 # d’amende qui seront pour cet effet remises entre les mains du Sr Bontemps cadet, receveur général de nos parties casuelles, rue Perdue, et pour assurance de notre volonté, nous avons signé de notre main le présent, après avoir fait mettre notre scel. Fait au Palais de la Samaritaine, le 25 juin 1717, signé de Torsac, et plus bas par Mgr Lazur.

• 1 Le Sr de Saint-Martin s’avisa de faire lever une troupe de gladiateurs qu’il logea dans un jeu de paume de la rue Mazarine, mais il n’étrenna pas ; les lettres de change avaient été faites pour les frais qu’il avait fallu faire (M.).