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Brevet à Mr de la Feuillade, extrait du livre journal du Régiment de la Calotte. 1725

Brevet à M. de la Feuillade
Extrait du Livre Journal du Régiment de la Calotte
L’autre jour, au divin Momus
Le Résident en cour de France
Lui vint apprendre, selon l’us,
La triste et funeste occurrence
De la mort du grand Feuilladin.
D’abord le dieu, d’un air chagrin,
Fit publier à son de trompe,
Que tout le peuple calotin
Se rassemblât en grande pompe
Au champ de Mars dès le matin.
Aussitôt dit, la troupe vole,
D’un vol plus rapide qu’Éole,
Et se range confusément
Sous l’étendard du Régiment.
Bientôt, assis sur un nuage,
Le Dieu Momus lui apparut.
Chacun, en lui rendant hommage,
Lui fit un très profond salut.
Quoi ! dit-il, troupes immortelles,
Ennemis de tous gens sensés,
Vous perdez des sujets fidèles
Sans les avoir récompensés ?
Par une crainte trop servile
Vous avez vu d’un air tranquille
D’Aubusson dans le Parlement,
Suivi d’une escorte débile,
Esclave du gouvernement,
Servir une haine inutile
Et se retirer lâchement,
Sans avoir par lettre patente
Enrôlé solennellement
Cette troupe si triomphante
Dans votre divin Régiment ?
Avec la même indifférence,
Vous avez vu, dans ce procès,
Fleury conclure avec prudence
À quatre équitables décrets,
Mais dont le malheureux succès
Vient de tromper son espérance,
Sans lui donner, pour récompense,
Brevet dans votre tribunal
De seul Procureur Général ?
Vous qui, par de rares caprices,
Voulez imiter vos aïeux,
Grands Calotins, sous nos auspices,
Soyez donc plus judicieux.
Je veux que, pour ces tentatives,
Fleury jouisse en liberté
Des honneurs et prérogatives
De cette grande Dignité.
De plus, sous son bonnet carré
Qu’il porte une double Calotte,
Que du sceptre de la Marotte
À l’audience il soit paré,
Afin que respect on lui porte,
Malgré les folles visions
Qu’on voit dans ses conclusions.
Plus, enjoignons à nos célèbres
Académiciens littéraux,
De nous faire en bons mots nouveaux
Un précis d’éloges funèbres,
Pour mettre sur le monument
Du Maréchal de la Feuillade
Qui par un sensé testament
À fait une pantalonnade,
En récompensant, par les mains
D’un courtisan parlementaire,
Ses deux anciennes Putains
De douze mille francs de salaire.
À ces mots, chacun applaudit,
Et dans les airs le Dieu s’enfuit.

 

Numéro
$4089





Références

1732/1735, III,13-15 - 1752, III,13-15 - Clairambault, F.Fr.12699, p. 274-274 bis - F.Fr.9353, f°116r-117r - F.Fr.10475, f°266-67 - F.Fr.12698, p.274-274 bis -  - F.Fr.12785, f°48r-51r - F.Fr.12800, p.195-198 - F.Fr.15014, f°225-227r - F.Fr.20036, p.264-267 - F.Fr.25570, p.310-312 - Nouv.Acq.Fr. 2485, f°48r-49r - Arsenal, 2935, f°241r-242v - Arsenal, 3128, f°165r-166r - Arsenal, 3134, f°257v-259r - Arsenal, 3359, p.160-162 - BHVP, 663, f°254v-258v - BHVP, M>S 664, f°178r-80v - Bordeaux BM, MS 700, f°261v-265v - Grenoble BM, MS 587, f°108r-109r - Lille BM, MS 63, p.453-458 - Lyon BM, MS 754, f°150r-151r - Marais, II, 811-12 - Bouhier-Marais, I, 87