Arrêt du Conseil du Régiment de la Calotte,
portant érection de plusieurs charges et emplois
en faveur du Sr. Barême et ses commis, au mois de juillet 1721
    Sur la requête présentée au Généralissime de la Calotte en son Conseil par le Sr. Barême, directeur général et en chef des enlumineurs, laveurs à l'encre de la Chine, chef des boutepoints 1 subalternes, commis principaux, chefs des bureaux, commis, sous-commis, journalistes, teneurs de livres à parties doubles et simples, et autres, tous établis au Visa pour tirer au clair, épurer, liquider et quintessencier les différents effets répandus dans le public, ouï ladite requête tant au nom dudit Barême que desdits enlumineurs, laveurs à l'encre de la Chine, chef des boutepoints, etc. contenant plusieurs chefs.
 Que ledit Barême se serait adressé à nous avec une confiance vraiment filiale, comme n'ayant point cessé de travailler à se rendre digne des premiers postes de notre illustre corps, surtout depuis que, s'étant jeté dans le grand monde, il aurait discontinué de professer l'arithmétique tant en ville qu'à la maison sise au coin de la rue Guénégaud à la descente du Pont-Neuf ; il nous aurait très humblement remonté, que prévoyant le peu de succès et de durée de sadite direction, il nous suppliait de lui donner dans notre corps une place conforme à son mérite, promettant d'employer et faire usage de ses talents présents et à venir, et s'acquitter dignement de ce dont il nous plaira de le charger. En outre le suppliant nous aurait exposé qu'il aurait employé à grands frais dans les bureaux du Visa, non pas de ces commis qui savent mécaniquement la routine des finances, mais un très grand nombre d'enfants de famille formés dans les belles compagnies aux plus nobles exercices de galanterie, comme il appert par leur extérieur, maintien et ajustement, la plupart ayant fait leur cours avec distinction, soit dans les académies d'armes et de danse, soit dans les cabarets, brelans et autres lieux de cette ville ; ajoutant que lesdits Sieurs commis du Visa ne se seraient embarqués dans ce nouveau genre de vie qu'à la sollicitation de lui, suppliant, et dans l'espérance de faire pour eux et pour leurs amis des fortunes aussi brillantes que faciles ; qu'arrivant la cessation dudit Visa, ils se trouveraient frustrés de leur attente ; pour à quoi obtenir, ledit Sieur Barême, fondé en procuration desdits Sieurs commis, nous aurait très humblement requis de les employer dans les bureaux ordinaires de nos finances, dont les travaux se trouvant moins pénibles, lesdits commis du Visa en rempliraient aisément les fonctions sans ternir la fraîcheur de leur teint, ni déranger l'économie de leur ajustement et frisure, d'autant même que la plus grande partie, depuis qu'ils ont commencé de travailler au Visa, se trouvent incommodés de migraines fréquentes, de pesanteurs de tête, lassitude et autres indispositions.
Sur quoi, vu la requête, le Sieur de Torsac étant en son Conseil, de l'avis des Sieurs Aymon, Marsin et autres personnages, a ordonné et ordonne que ledit Sieur Barême sera établi dès à présent directeur général des enlumineurs, laveurs à l'encre de la Chine et teneurs des grands livres et des registres de nos bureaux tant delà, que deçà les mers. En outre que tous et chacun des commis occupés actuellement au Visa soient employés dans les bureaux de nos finances sans autre examen de capacité, et sur la simple présentation dudit Barême. Voulons et ordonnons que pour distinguer les suppliants d'avec les commis ordinaires, leurs épées seront ornées de dragonnes, leurs bas brodés à coins d'or ou d'argent, ou tout au moins de soie ; leur permettons en outre de reprendre leurs plumets et nœuds d'épaules comme ils les portaient avant d'entrer audit Visa. Fait au Conseil du

• 1Le mot n'est pas attesté.