Les pantins. Vaudeville
Les Pantins
Vaudeville
Un jour, le dieu calotin
Mouvant sa tête falote,
Un jour le dieu calotin,
Voyant tous les badauds en train,
Fit de son esprit malin
Éclore alors un Pantin
Que maintenant pour marotte
Un chacun porte dans la main.
Pour ce joyau si charmant
En frais les filles se mettent,
Pour ce joyau si charmant
Rien ne coûte présentement.
L’une en aime le clinquant,
L’autre le maintien plaisant,
Et presque toutes l’achètent
En faveur de son mouvement.
Pour ce etc.
En songe un pantin fait tout.
Des filles c’est l’allégresse.
En songe un pantin fait tout.
D’hymen il donne un avant-goût.
Il est vrai, rien n’est plus fou.
Mais qui n’estime un bijou ?
Ce petit je ne sais qu’est-ce,
Les agace je ne sais où.
En songe, etc.
Pourquoi, petite Catin,
Évitez-vous ma présence ?
Pourquoi, petite Catin,
Suivre Damon dans le jardin ?
Maman, c’est qu’il est badin,
À jouer toujours enclin,
Il a tant de complaisance,
Qu’il m’amuse avec son pantin.
Pourquoi, etc.
Ma procureuse, dit-on,
Dans l’ignorance se forme.
Ma procureuse, dit-on,
D’un pantin ignore le nom.
Elle en sait plus, j’en réponds,
Puisqu’un jour sur le gazon,
Elle affirma que la forme
Devait l’emporter sur le fond.
Ma procureuse, etc.
La Carache et le Poussin,
Malgré leur science infuse,
La Carache et le Poussin
Dans ce siècle mourraient de faim,
S’ils voyaient chaque badin
S’escrimer et dire enfin
Qu’un peintre n’est qu’une buse
S’il ne sait pas faire un pantin.
La Carache, etc.
Tandis que certains nigauds
À leurs devoirs se refusent,
Tandis que certains nigauds
Font gambader tous ces marmots,
Leur femme plus à propos
Usant de ces jeux nouveaux
Avec des pantins s’amusent
Qui sont formés de chair et d’os.
Tandis, etc.
F.Fr.12785, f°225r