Lettre au Prince Eugène de Savoie
Au Prince Eugène de Savoie,
Prospérité, salut et joie.
Nous, Colonel du Régiment
De la Calotte, à Votre Altesse
Faisons prière très expresse
De nous remettre promptement
Tant les fonds que les arrérages
Des brouillards, vapeurs et nuages,
Que nous lui prêtâmes dans l’an
Qu’Elle maltraita l’Ottoman.
Espérons qu’en reconnaissance
Du service par nous rendu,
Il nous fera tenir en France,
Un fonds légitimement dû.
Nombre de calotins sans cesse
Se signalant par leur prouesse,
Il est à craindre que nos fonds
Ne manquent pour nos pensions,
Gages, profits, droits et salaires,
Outre tous les frais nécessaires,
Pour faire calottes de plomb
Et pour frapper maint médaillon.
Vous supplions de nous remettre
Les susdits fonds par une lettre
Payable à vue, et sans retard,
Au nom du Poète sans fard1 ,
Et par le sieur Rousseau tirée.
Car ce sera lettre dorée,
dès que l’on y verra son seing.
Tout est excellent de sa main,
Résidant près de Votre Altesse,
Par des discours pleins de sagesse
Il peut témoigner hautement,
Combien tout notre Régiment
A votre valeur en estime,
Que ce grand maître de la rime
Représentera par des traits
Qui ne s’effaceront jamais.
Sur ce, nous vous prions de croire,
Que prenant part à votre gloire,
Nous ferons toujours nos efforts
Pour vous témoigner notre zèle,
En vous offrant et nos trésors,
Et nos bras contre l’infidèle,
Qui tremble au bruit de votre nom.
Signé Torsac, et moi, Aymon.

• 1Gacon