La Statue, ou Brevet du Régiment de la calotte, en faveur du Sr Paradis de Mongrif, auteur des Chats imprimé en 1728. 1729
La statue
ou brevet du Régiment de la Calotte
en faveur du Sr Paradis de Mongrif, auteur des Chats
Momus, ce marchand de fumée,
Que l’on appelle Renommée,
Dont pour la gloire du débit
À tant de fats il fait crédit,
Et croit leur en devoir de reste ;
Dieu qui, de barons de Feneste,
Après Bordeaux peuple Paris,
Dieu, qui fait valoir sans conteste
Faux galants et faux beaux esprits
Accorde aux cris de cent amis
D’illustrer par ce manifeste
Le petit Monsieur Paradis.
Bien qu’en l’Almanach du Parnasse
Le Picrocole ait une place,
Que sur la scène aux lanturlu
Il ait passivement paru.
Qu’il soit pour maintes chansonnettes,
Pour maint ouvrage retourné,
Au nombre des demi-poètes,
De marjolaines couronné ;
Qu’il soit convive, rapsodiste,
Par Nadal dont il fut copiste,
À divers métiers façonné.
Cependant il manque à sa gloire
Un monument à la Titon,
Que le public trouvera bon
Qu’on dresse d’après ce mémoire
Dans la place de Chiméron
Sur un piédestal de carton.
De neige sera l’effigie
Pour marquer la solidité
Et le noble feu de génie
De l’homme ici représenté.
Traits, ni de femme ni de mâle,
Mais neutres, sans poil au menton,
Sur l’estomac double téton,
Dans une main, de peur du hâle
L’éventail de feu Courcillon ;
Dans l’autre main un tympanon
Ou vielle, en signe de son style
Héroïque, tendre et facile.
À ses pieds des chats noirs et blancs
Levant la queue et miaulant,
À leurs écrivains faisant fête
Une perruche sur la tête,
Ainsi que les corbeaux sont vus
Aux médailles des Corvinus.
D’autant mieux que descend le Sire
D’une perruche sachant dire :
Baisez, baisez, à déjeuner,
Dont il apprit à jargonner,
Et dont il eut, pour sa devise,
Fade luxure et gourmandise.
À ses côtés, livres en satin,
Nommés Sermons de l’Arétin
Dont notre convive agréable
Son écot paie en mainte table.
D’un habit de grave histrion
L’on revêtira la figure ;
Un gros nœud de sa chevelure
Sera toujours en action.
Sur la base, soit en sculpture
Caducée et lanterne obscure,
Et ce pour indication
Des talents de sa tablature
Auprès de Madame Espion,
Auprès de Monsieur Bon Mercure.
Au frontispice, en or massif,
L’inscription Au grand Mongrif.
Car Paradis plus ne s’appelle,
Reniant assez volontiers
Et son père et les créanciers,
D’icelui père et parentèle.
Changer de nom sied aux auteurs
Comme aux catins et déserteurs.
Donnons pour historiographe
Au célèbre Mongrif
Jean Baucham, son diminutif,
Canard qui dans sa mare piaille
Et romancier soporatif.
1732/1735, III,84-86 - 1752, III,84-86 - F.Fr.9353, f°243v-244v - F.FrChambre des députés, MS 1441, f°304-15 - Bordeaux BM, MS 693, p. 645-647 - Lille BM, MS 64, p.184-189
L'attribution à Roy est démontrée dans la thèse d'Elliot Polinger (Pierre-Charles Roy, playwright and satirist, p.216-17).