La confédération de la Comédie

avec l'Académie française1
Messieurs les jurés beaux esprits,
Peuple invulnérable au mépris,
Se trouvant de l’honneur de reste,
Déclarent par ce manifeste
Qu’ils en épanchent les rayons
Sur tous MM. les histrions,
Suivant la paix entre eux jurée.
Ces deux corps si bien assortis
Porteront la même livrée.
L’un chez l’autre aura droit d’entrée,
Séance et suffrage gratis.
Or cette franchise plénière
Qu’au parterre audit estafier
S’étend pour la gent gestonière
Jusqu’à se chauffer au foyer.
Aussi Crispin et Mascarille
Au Louvre, à côté des prélats,
De l’esprit tiendront les états
Et ne feront qu’une famille ;
Si quelque brevet calotin
Drape la troupe académique
Qui ne s’entend guère en réplique,
Ce sera la troupe comique
Qui prendra sa vengeance en main
Et dancourades feront rage
Pour le muet aréopage.
En revanche la docte bande
A la cour sollicitera
Le retour du chartreux d’Hollande2
Pour achever Catilina
Que depuis quinze ans on demande,
Et pourra le sieur Néricault
Sans déroger doubler Quinault
Comme à Strasbourg il savait faire
Au théâtre de Quinault père,
Et l’académique greffier3
Aidé du borgne financier4
Quand la Romankan5 sera morte
Recevra l’argent de la porte.

• 1L'Académie ayant délibéré le trois mars 1732 d'admettre à ses assemblées publiques les comédiens français, à charge que les Académiciens entreront gratis à la Comédie. Le traité à été exécuté fidèlement de part et d'autre. (Bouquet académique)
• 2Dom Pacal, chartreux réfugié que l'on a cru auteur des pièces de Crébillon, qui a promis longtemps un Catilina qui n'est point venu. On a vu en 1747, celui de Pellegrin (Bois-Joudain)
• 3Du Bos, secrétaire de l'Académie française
• 4M. Mallet, aadémicien.
• 5La receveuse de la Comédie (Bois-Jourdain)