Brevet de la Calotte

pour le parlement d’Aix
Momus, Dieu des têtes falotes,
Grand distributeur des calottes,
Qui, pour l’honneur du Régiment,
Veut que tout se fasse dans l’ordre,
Et qui corrige tout désordre
Par l’effet de son jugement.
De l’avis du Conseil burlesque,
Moulé sur celui des G…
Veut créer d’illustres emplois,
Pour former un sénat grotesque.
Tels sujets sont rares pour lui,
Car les parlements d’aujourd’hui
Sont pleins de ces fous nécessaires
Pour juger en dernier ressort,
Et faire tourner les affaires
À l’avantage du plus fort.
Or, comme il veut dans son empire.
Un parlement capricieux,
Et dont le très constant délire
Saute à chaque moment aux yeux,
Fasse de travers toutes choses,
Se laisse brider en oison,
Et juge la plus juste cause
Contre l’usage et la raison :
Il ne peut, en nul lieu du monde,
Se choisir de meilleurs sujets
Qu’au milieu du parlement d’Aix,
Où toute extravagance abonde.
Momus, suffisamment instruit
De sa probité trébuchante,
Qui d’un monstre qui fit grand bruit,
Fit une brebis innocente ;
Momus, instruit de sa vertu,
Qui, contre tout droit et coutume,
A sauvé ce qu’on eût perdu,
Malgré de Gaufredi la plume,
Comme l’exigeait maint volume,
D’équité partout revêtu.
En outre, témoin de la gloire
Qu’il s’est acquis pour ses beaux faits,
Et qui doit dans plus d’une histoire,
L’immortaliser à jamais.
Plus, convaincu que pour la grâce
Qu’en obtint le père Girard,
Les noirs prosélytes d’Ignace
Publiaient son zèle avec art,
Momus, de sa pleine puissance,
Nomme ce fameux parlement
Premier sénat du Régiment ;
Et de tous devoirs le dispense,
Voulant qu’il suive seulement
Les lois de pure complaisance,
Et qu’il opprime l’innocence,
Lorsqu’elle parle simplement.
Qu’après il tire ses épices
Des fonds de la Société,
Qui fait payer les injustices
Et couronner l’impiété.
Fait dans l’empire lunatique,
En l’an où la Grâce aux abois
Sous l’empire jésuitique,
Gémit et voit périr ses droits.