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Brevet de la calotte à l’occasion des miracles de M. Pâris

Brevet de la Calotte à l’occasion des miracles de M. Pâris
De par le dieu de la Marotte,
Salut à la troupe dévote
Qui fait tant de bruit dans Paris
Par le culte du Sieur Pâris,
Aux harengères, aux princesses,
Aux chapelières, aux duchesses,
Qui s’en vont en procession
Lui prouver leur dévotion,
Aux avocats qu’il a fait taire,
Aux muets qu’il a fait parler,
À ceux qu’il a mis en colère,
À ceux qu’il a fait exiler,
À la faculté qui s’en moque,
À l’archevêque qui s’en choque,
À tous les saints du paradis
Qui du nouveau culte établi
Se plaignent qu’on leur fait la nique,
Duquel mépris chaque se pique,
À ceux qu’un zèle peu discret
A fait jeûner une semaine,
Dont il ne reste que la peine
Et la faim sans nouvel effet,
Aux gens gagés comme au spectacle
Pour crier d’abord : Oh, miracle !
À ceux qui croient sans rien voir,
À ceux qui voient sans croire,
À ceux qui vont de leur manoir
À saint-Médard comme à la foire,
À ceux même qui n’y vont pas,
À ceux qui craignent le fracas,
Savoir faisons qu’en notre empire
Où règne un éternel délire,
Nous avons fait réflexion
Qu’il fallait choisir un patron,
Vu qu’il n’est ni ville ni royaume
Qui n’ait saint Jacques ou saint Guillaume
Ou même des saints à foison
Dont elles proclament le nom.
Nous déclarons par ces présentes
Que saint Pâris est maintenant
Le vrai patron du Régiment.
Il n’a pas besoin de patentes.
Le pape canonisera
Ce saint homme quand il voudra.
En attendant l’acte authentique,
Suite du procès juridique,
Nous voyons les faits avérés
Dans la requête des curés.
Non qu’après tout, en galant homme
Contre qui se déchaîne Rome
Il soit coupable de tous les bruits
Qu’on fait aujourd’hui dans Paris.
Si son âme s’est retirée
Dans l’enfer ou dans l’empyrée,
La [?] qui le peut savoir
Personne ne veut aller y voir.
Ventimille, quoi qu’on en dise,
A déclaré que son appel
Lui fermait la porte du ciel.
En quelque endroit que Sainte Église
Veuille loger ce saint nouveau,
Il ne dit mot dans son caveau,
Et l’on peut dire avec franchise
Qu’il est en tout lieu innocent
De ce fracas impertinent.
Qu’un gros abbé de Montpellier
……………………………………
Nonobstant voulons que l’on chôme
La fête du bienheureux homme
Et que tout notre Régiment
Lui fasse vœu et offre encens,
Que du saint on grave l’image,
Où chacun rendra son hommage
Et qu’on ait soin de l’afficher
Sans que Hérault puisse l’arracher.

 

Numéro
$4258





Références

F.Fr.12785, f°190 - F.Fr.15017, f 55r-59v