Brevet de grand chansonnier du Régiment
pour le P.Ducerceau, jésuite1
Momus ayant lu les écrits
De Ducerceau sur Montempuis,
Voyant qu’il avait hypothèque
Sur eux dans sa bibliothèque,
Les fit transporter à l’instant
Par Aymon, un héraut criant
Honneur à la Marotte.
Et péan, péan, péan,
Place au Régiment de la Calotte.

Puis ce dieu serrant le gosier
dit, pour mon grand chansonnier
Je choisis Ducerceau. Son gîte
d’Uxelles  nous est connu. Vite,
Amenez-le moi sur-le-champ,
Un héraut devant lui, criant
Honneur à la Marotte,
Et péan, etc.

Ceci fut fait presque aussitôt
Que Momus eut lâché le mot.
Humblement reçut le saint homme
Les semonces, puis au dieu Mome
Fut assuré cabriolant,
Un héraut devant lui criant
Honneur à la Marotte
Et péan, etc.

Lors les vendeuses de poisson,
Voyant le chantre polisson
Conduit par le duc burlesque,
Dirent : la chose est fort burlesque
Aga ce joyeux révérend
Va sans doute prêter serment
Au dieu porte-marotte
Et péan, etc.

Arrivé au lieu du sabbat,
À l’ordinaire on l’installa
Le plus que facétieux père
Du Sanhédrin, après grand chère
Il fut conduit au couvent
Par vingt calotins en chantant
Honneur à la Marotte
Et péan, etc.

Brevet il eut le lendemain,
Signé Aymon et Saint-Martin,
Avec pension belle et bonne
D’un écu sur chaque personne
Que sa plume dorénavant
Calomniera dévotement,
Scellé de la marotte

• 1 J’ai lu la présente relation et n’y ai rien trouvé qui en empêcher l’impression. A Paris, le 20 janvier 1727. Signé Sans Fard (M.)