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Brevet du Régiment de la Calotte en faveur de la dame Porlier, canadienne, marchande suivant la cour, sur ce qu'elle a été la première à vendre des pantins à Paris

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    On trouve chez la Canadienne : Méthode suivant la cour, connue par les récréations mathématiques qui ont fait jusques à présent la base de son commerce, dans les différentes places qu’elle a occupées. Des pantins de toute figure et grandeur, chargés de bonbons et d’attrapes ; des petits pour mettre dans des lettres, tablettes, écrans, almanachs, bocals, œufs, pâtés, maisons, tours, nouvelles garnitures de cheminées, le tout en forme de tableau mouvant, représentant à volonté des sujets historiques, moraux, fabuleux, théâtrals, surtout la famille pantine et autres. Et attendu l’art de faire parler et chanter lesdits pantins, il se fera des patrons de fêtes de nom et de confrérie pour faire de nouveaux et galants bouquets qui seront ornés d’attributs, de pensées ou de chansons convenables.
    Les curieux peuvent commander la suite qu’il leur plaira, à la tête de laquelle se trouvera toujours ladite Canadienne, tirée d’après nature et telle qu’elle a paru devant toute la cour, lorsqu’elle a eu l’honneur de présenter au Roi le nœud gordien qu’elle tient dans sa figure pantine de la main droite, et de la gauche six vers qui expriment parfaitement la multiplicité de ses infortunes.
    Son établissement d’été à Paris : Porte des Tuileries, du côté du manège, et sa demeure, rue Froidmanteau, chez le Sr de Bellecombre, baigneur, au 3ème.

De par le dieu de la Marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Vu le contenu au placet
De la Canadienne, à l’effet
De lui donner toute assurance
De notre chère bienveillance
Et d’un sincère attachement,
Pour l’en convaincre pleinement,
Ordonnons que Pantins, Pantines,
Troupes légères et badines,
Soient, par forme de supplément,
Admis dans notre Régiment
Sans aucun trouble. En conséquence,
Et pour la bonne intelligence,
À l’avenir tous calotins
Ne pourront enrôler Pantins
Ailleurs que chez la suppliante
Qui, à l’heure et boutique ouvrante,
Pour que chacun puisse choisir
À son goût, même avec plaisir,
En fera un gros étalage
De toute espèce et de tout âge
Dont le prix sera plus ou moins
Selon les différents besoins.
Et comme elle est, par sa marotte,
Un ferme appui de la Calotte,
Voulons qu’on lui porte respect,
Et au lieu de colifichet,
De ruban de dentelle fine,
Que cette calotte divine
Dont aujourd’hui nous l’honorons
Par de légitimes raisons,
Lui serve de riche parure
Et d’ordinaire de coiffure.
Donné gratis à Bagnolet,
L’an mil sept cent quarante-sept.
Signé Dom Gilles de Sologne,
Et plus bas, Griffart de Valogne.

 

  • 1Brevet du Régiment de la Calotte en faveur de la dame Porlier, canadienne, marchande suivant la cour, sur ce qu'elle a été la première à vendre des pantins à Paris.

Numéro
$4256


Année
1747




Références

1754, VI,135-136 - F Fr.10478, f°46 - F.Fr.12785, f°228r - Lille BM, MS 64, p.472-75


Notes

Voir la Réponse sur les mêmes rimes en $4462