Extrait du registre du Régiment de la calotte agrégeant à son corps

MM. de la société littéraire de Châlons1

De par le dieu porte-marotte,

Nous, directeur de la Calotte,

Tant près que loin savoir faisons

Qu'en la ville dite Châlons

Il est certaine compagnie,

Sous le titre d'académie,

Dont les us et comportements

Sont moulés sur les règlements

De la nation moriphile.

Adonc voulant à cette ville

Donner, par pure affection,

Un surcroît d'illustration,

Nous déclarons par ces patentes

Qu'entre les cités florissantes

Que la lune à son ascendant

Regarde favorablement

Elle a reçu surabondance

De la moriphile influence

Et qu'il n'est terre en nos États

Qui nous donne plus de soldats.

Aussi la tenons place forte,

Agrégeons à notre calotte

Ces godenots et fagotins.

De plus les créons calotins,

Chevaliers de la girouette,

Du soufflet et de la pincette,

Notamment ceux que Crébillon,

Commandeur à grand médaillon,

Nous a dans un dernier chapitre

Déclaré dignes d'un tel titre.

À tous ceux-là donnons pouvoir

De créer, titrer, recevoir

Tout galant que tête falotte

fera prétendre à la marotte,

Ou qui prouvera huit quartiers

De faits saugrenus et ratiers,

Tel que d'avoir rimé sans verve

Affrontant Phébus et Minerve,

Fait raisonnement de travers

Et pris le droit sens à l'envers.

À tous ces gens on donnera

Brevet qui leur assignera

Un poste dans le vaste empire

Que régit Aymon notre sire.

Puisque telle est la volonté

De sa burlesque majesté,

Sera la présente ordonnance

De tous les calotins de France,

Petits et grands, nobles, bourgeois,

Comme des Romains et Grégeois,

Avec respect considéré

Et dans leur greffe enregistré

De par Aymon, moi le mandant

Sous le grand sceau du Rat passant.

• 1Extrait du registre du Régiment de la calotte agrégeant à son corps MM. de la société littéraire de Châlons et leur donnant plein pouvoir d'envoyer brevets et certificats marotiques à tous ceux qu'ils appartiendra.