Exhortation calotine aux petits-maîtres pour la chasse
Exhortation calotine aux petits-maîtres pour la chasse
De par Aymon et Saint-Martin,
Généraux du corps calotin,
Savoir faisons aux momiphiles
Que parmi les choses utiles,
L’art de chasser fut inventé
Pour le maintien de la santé.
Art que la nation romaine
Recommandait aux jeunes gens
Pour tenir les corps en haleine
Et les rendre forts et puissants.
À ces causes, par bienveillance
Pour les hauts calotins de France,
Les exhortons avec chaleur
D’y faire briller leur valeur
Pendant que la paix sur la terre
Les prive des feux de la guerre,
D’affronter cerfs aux andouillers
Plus aigus même que des lances
Et de colleter sangliers
Aux plus meurtrières défenses,
Sans craindre blessure en tel cas
Qui souvent cause le trépas
Comme il est arrivé naguère
Au duc et prince de Melun
Qui fut regretté d’un chacun
À cause de son caractère
Qui nous promettait en effet
Le calotin le plus parfait.
Que si d’un exemple si triste
Nul ne veut être le copiste,
Exhortons les jeunes seigneurs
De [?] en si bonnes [?]
Qu’une si noble frénésie
Les jette dans la pleurésie
Ou que du moins, par un faux pas,
Ils se cassent jambes ou bras
Et reçoivent sur les épaules
Ou sur la tête coups de gaule
Perçant les halliers et les forts
À voix de chien et bruits de cor.
Leur donnons pour droits et salaires
Et surtout pour les honoraires
Mille écus sur l’exhalaison
Et fumet de la venaison.
Défendons par tout le royaume
De mettre en jeu cet axiome
Que l’excès en tout ne vaut rien,
Car bien qu’il soit très ancien,
Nous tenons pour récréatives
Toutes les choses excessives.
Fait et donné le même jour
Qu’à Chantilly toute la cour
Courait aux étangs de Connelle
Un second cerf qui, sans cervelle,
Se voyant réduit aux abois,
Joua sottement de son bois.
Lyon BM, MS 751, f°49v-50r - Lyon BM, MS 750, f°212v-213r