Calotte du Père Tramiall1
Nous, Généraux de la Calotte,
À toute gent porte-marotte
Et calotins faisons savoir
Qu’un certain petit père noir,
Qui Père Tramial se nomme,
Vrai moine et pourtant galant homme,
Civil et se donnant les airs
De composer de jolis vers,
Et lequel, même avec sa barbe,
Sa robe, sa corde et son froc
Mène souvent joyeuse garbe
Et fait le devoir d’un bon coq,
Lisant beaucoup moins son bréviaire
Que La Fontaine et Rabelais,
Et maniant moins son rosaire
Que tétins blancs et rondelets.
À ces causes, vu le mérite
Du susdit Père Tramial,
Moine agréable et jovial
Et ne tenant rien de l’ermite,
Comme Guillaume l’Aquitain,
De son ordre, et qui sur la dure
Couchant, ne mangeait que du pain
Et ne buvait que de l’eau pure.
Le créons chef et commandant
Des moines de notre milice,
Qui laissent l’air de dépendant
Et de béat pour un novice.
Lui donnons pour gages et droits
Mercuriale et discipline
Dont par les monastiques lois
On châtie humeur calotine
Peu convenable à gens froqués
Encapuchonnés et socqués.
Plus, voulons que dans les histoires
Des galants petits pères noirs
Qui se gabaient matin et soir
Près de la place des Victoires,
Le susdit Père Tramial
Fasse un rôle primordial,
Afin que sur ce beau modèle
Tout moine à sa règle fidèle
En l’imitant arrive au but
Que se propose un bon apôtre
Et puisse opérer son salut
En ce monde-ci comme en l’autre.

• 1Note en marge : Supprimé