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Brevet de commissaire examinateur des comptes et surintenant du Régiment

Brevet de commissaire examinateur des comptes

et surintendant du Régiment

Momus, grâce aux destinées

Dieu des cervelles peu sensées,

Monarque des dérisions,

Approbateur des visions,

Souverain du peuple à la calotte

Et protecteur de la marotte,

à ***, notre bien aimé

Pour son travail si renommé,

Salut, folie et ignorance.

Ayant appris que dans la France

Vous aviez fait un règlement

Qui juge la forme, et comment

Tous les receveurs de finance

Doivent gérer leur maniment ;

Que même, en homme d'importance,

Pour en agir plus sagement,

Vous leur aviez prescrit un ordre

Où pas un d'eux ne pouvait mordre

Encore que votre attention

Pour sanctifier les comptables

Vous eût fait par dévotion

Composer relevés et tables,

Feuilles, journaux et bordereaux.

À tout cela, ces pauvres diables

Ne pouvaient déchiffrer deux mots

Et que pour le bien du service,

Malgré la chambre et son épice,

Les comptes par elle arrêtés

Devant vous seraient rapportés

Pour être mis en parties doubles

Afin d'éviter mieux ces troubles,

Ce qui fait voir bien clairement

Votre solide jugement

Et la suprême intelligence

Que vous avez dans la finance.

Ce qu'ayant bien considéré,

Après avoir délibéré

Sur l'abus qui dans notre caisse

S'est introduit depuis un an,

Et voulant que cet abus cesse,

Pour empêcher dorénavant

Que nos brouillards se dissipent

Et que nos fonds ne participent

A la bizarrerie du temps

Qui, rendant tous nos coffres vides,

Nous donnait des jours trop humides,

De l'avis des frères Bontems

Et de notre pleine puissance,

Vous attribuons connaissance

Des journaux de tous nos caissiers,

Généraux et particuliers.

Voulons qu'en tous nos marécages,

Vous établissiez des bureaux

Dont vous ferez payer le gage

Avec le son de vos grelots.

Entendons que chaque semaine,

Des vapeurs de Marne et de Seine

Tous nos receveurs soient tenus

De vous fournir les revenus

Sur états à double colonne.

De plus, nommons votre personne

À la charge de correcteur,

Commissaire examinateur,

Pour juger en dernière instance

Les comptes de notre dépense.

Défendons à tous calotins

De faire sur ce les mutins,

Ni de reconnaître la chambre

A peine de compter deux fois.

Vous permettons dans chaque mois

Depuis janvier jusqu'à novembre

De vérifier les journaux

De nos receveurs généraux

Et d'en tirer feuilles volantes

Et toutes notes suffisantes

Pour amuser autant de sots

Que vous jugerez à propos ;

Et pour que, dans ce poste illustre,

Vous vous mainteniez avec lustre,

Nous vous faisons dès à présent

Surintendant du Régiment,

Vous accordant pour vos salaires,

De vous et de vos secrétaires,

Sur la rosée du mois de mai

Un cinquantième clair et net

Que nous exemptons de dixième.

Et pour la rareté du fait,

Voulons que portiez un bonnet

Fourré et calotte de même

Que le porte en toutes saisons

Le chef des Petites-Maisons.

Enjoignons à tous nos bourgmestres

De faire publier ces lettres

Par nos trompettes et tambours

Dans les places et carrefours

Afin que personne n'ignore

Comment il faut qu'on vous honore.

Scellé de notre propre main

Et confirmé de notre seing.

Numéro
$4219





Références

F.Fr.9353, f°172v-173v - F.Fr.12785, f°91r-95r - F.Fr.15016, f°271r-274v - F.Fr.25570, p.575-579 - BHVP, MS 664, f°185r-189r - Lille BM, MS 63, p.31-37