Calotte de Pratanval
Calotte de Pratanval
De par le dieu porte-marotte,
Nous, généraux de la Calotte,
Torsac, Aymon et Saint-Martin,
Tenant le conseil calotin,
Sur la requête à nous donnée
Le premier jour de cette année
Par Pratanval, grand écrivain,
Pour obtenir de notre main
Un titre qui le fasse vivre
Au-delà même du tombeau,
Approuvant un zèle si beau,
La lecture faite du livre,
Bibliothèque de la cour,
Que ledit sieur a mis au jour,
Recueillant en trois gros volumes
Ce que mille et mille autres plumes
Nous avaient donné de bons mots
Mêlant les bons avec les sots,
Les vifs avec les froids de glace
Et principalement les vieux
Qu’il rhabille comme tout neufs,
Le créons fripier du Parnasse.
Voulons qu’en cette qualité
Il puisse dans la librairie
Établir une friperie
Où tout le vieux soit débité.
Lui donnons la surintendance
Sur tout auteur brouillant papier
À la manière de fripier.
Toutefois lui faisons défense,
À quoi sans doute il s’attend bien,
De donner du neuf que du sien,
Ou de lui ou de son épouse
Pourvu que le dit neuf il couse
Sans art, comme on coud vieux haillons.
Pour appointements lui donnons
Et déléguons vapeurs moisies
Qu’exhalent vieilles poésies
S’il n’aime mieux ses revenus
Sur les vents sortant de l’anus,
Vents desquels avec tant de gloire
Il nous a composé l’histoire
Dans les articles singuliers
Des parfums et des vents culiers.
Commettons le Sieur Gorinelle
Pour tenir la main avec zèle
À ce que ledit Pratanval
Ne trouve ennemi ni rival
Qui le détourne ou qui lui nuise
Dans une si belle entreprise,
Utile à tous lecteurs imbus
Du mérite des vieux rebus.
Lyon BM, MS 750, f°244v-245r - Lyon BM, MS 751, f° 93v-94r