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Calotte d’Oppenor

Calotte d’Openor
De par le dieu porte-marotte,
Nous, généraux de la Calotte,
Avec grand plaisir apprenons
Qu’Openor, roi des lanternons,
Si célèbre en architecture
Et que nous avons calotté,
Donne encore en fait de peinture
Des traits de son habileté.
Savoir, par longue balustrade
Qui, devant le Palais-Royal,
Régnant d’arcades en arcades,
Formaient une salle de bal.
Outre qu’on voyait aux portiques
Deux candélabres magnifiques,
Le tout si beau qu’un enchanteur
En paraissait le constructeur.
Louons un si sage architecte
D’avoir placé fort à propos
Louis Quinze tournant le dos
À rue, et vilaine et suspecte,
Pour ôter matière aux rieurs
Et fuir les mauvais railleurs.
Louons encore sa prudence
D’avoir, par un trait de bon sens,
Affublé les armes de France
À la défaite des géants,
Au lieu qu’un misérable artiste
Aurait, en fade allégoriste,
Fait gémir ces hommes hardis
Sous le poids des tours et des lys.
Mais comme du haut des nuées
Jupiter les foudroyera
La France et l’Espagne haut huchées
Riront du beau train qu’il fera
Sans craindre aucune éclaboussure
En pareille déconfiture.
Enfin, le tout considéré
Pour avoir si bien décoré
Tout le devant de la Régence,
Nous accordons pour récompense
Audit architecte Openor
La fumée et les vapeurs fines
Des lampions et des terrines
Qu’il a l’art de changer en or.
Témoin la belle et bonne rente
Qu’il s’est faite auprès du Régent,
Outre la royale patente
Dont ce prince très obligeant
A voulu couronner son zèle
Et qui, dotant son écusson,
D’une règle et d’une truelle,
L’a fait gentilhomme maçon.

 

Numéro
$4158





Références

Lyon, BM, 751, f° 94