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Histoire calotine

Histoire calotine
Naguère une Princesse,
Pleine d'esprit et de sagesse,
Soutenait que fille à quinze ans,
Tant de la ville que des champs,
Par un seul homme à bout poussée,
Ne pouvait en être forcée.
Sa dame d'honneur répliqua :
Un jour, mon mari m'attaqua
Sur cette affaire avec instance,
Et n'ayant dit, défends-toi bien,
Prétendit que ma résistance
Ne pourrait me servir de rien.
Dans la chaleur de la dispute,
Il me saisit et me culbute,
Et moi, des griffes et des dents
À merveille je me défends.
Je lui déchirais sa cravate,
Ses manchettes, son justaucorps,
Et redoublant tous mes efforts
Je l'appelai traître, pirate,
Corsaire, tigre furieux
Qui déchire une pauvre bête.
Rien de tout cela ne l'arrête.
Le feu lui sortait par les yeux.
Si tu n'obéis, je te tue,
Me disait-il d'un œil hagard
En me montrant un grand poignard.
Je te… Madame, à cette vue…
Eh bien ? je pris si grande peur,
Et je fus enfin si troublée,
Qu'à trente ans, en femme d'honneur…
Eh bien donc ? je fus violée.

 

Numéro
$4003





Références

1725, I, 62-63 1726, 61-62 1732/1735, I, 64-65 1752,I, 64-65 F.Fr.9353, f° 141 F.Fr.15014, f° 207r-208r F.Fr.25570, p.181-182 BHVP, MS 663, f° 89v-91r Institut, 647, f° 113 Bordeaux, BM, 700, f° 154r-155v Grenoble, BM, 587, f° 56v-57r Lyon, BM, 754, f° 108