Compliment du Sieur de Saint-Martin au Roi,
de la part du régiment de la Calotte
Au nom du peuple calotin,
Et de la gent porte-marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Le très quinteux de Saint-Martin,
Apportons avec révérence,
Aux pieds de Votre Majesté,
Les cœurs les plus soumis de France,
Ceci soit dit sans vanité,
L’assurant de tout le grand zèle,
Convenable à ce corps fidèle,
Qui s’est signalé tant de fois,
Pour l’honneur du trône françois,
Et ne se démentira, Sire,
Sous votre glorieux empire.
Ne craignant pas que nos respects
Vous soient aucunement suspects
De mensonge ou d’afféterie,
Et moins encore de flatterie,
Supplions Votre Majesté,
De maintenir, par équité,
Notre ordre en tous ses droits d’aubaines
Sur les brouillards de vos domaines,
Tant des rivières que des mers,
Pour fournir aux gages divers
Que nous payons par chaque année
À tous héros du Régiment,
À qui la Calotte est donnée
Pour agir calotinement.
Sur ce, faisons humble prière,
Avec une ardeur singulière,
Pour que le ciel, par sa bonté,
Vous maintienne en joie et santé,
Et vous donne le caractère
De Prince et de Roi débonnaire,
De père du peuple français,
Et de l’ordre de la Calotte.
Titre si beau, que tous les rois
En devraient faire leur marotte.
En effet, le Roi Salomon,
Qui de sage porta le nom,
Disait dans ses saintes paroles,
Que tout est plein de têtes folles.
Si quelque roi pouvait en paix,
Ayant tous les fous pour sujets,
Trouver moyen de les conduire,
Il serait un des grands clercs,
Et pourrait à bon droit se dire
Le plus grand Roi de l’univers.