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Chanson sur les calotins

Chanson sur les calotins
Enrôler chez soi tout le monde,
Faire des folles et des fous,
Fonder sur la terre et sur l'onde
Des Petites-Maisons pour tous,
C'est la marotte
De la Calotte

Que chacun courre y prendre place,
La confrérie a des appas.
Il faut en être quoi qu'on fasse,
Quand même on ne le voudrait pas.
C'est la marotte
De la calotte

Ce ridicule misanthrope
À beau dire qu'il n'en est point,
Dans sa sagesse il s'enveloppe.
Mais malgré ce grave pourpoint
C'est la calotte
De la marotte.

Cette prude qui fait la fière,
Quelque aventure qu'elle ait eue,
En sera toute la première.
Mais que penser de sa vertu ?
C'est la marotte
De la calotte

Pour la coquette peu sauvage
Qui marche dans un entonnoir.
Quand elle plâtre son visage
Que voit-elle dans son miroir ?
C'est la calotte
De la marotte

Un courtisan plein de droiture,
Plein de droiture à ce qu'il dit,
Peint les amis en mignature
Puis les caresse et leur sourit.
C'est la marotte
De la Calotte

Un calotin du Mont Parnasse
Pense charmer tout l'univers.
Il se met à côté d'Homère.
Quel est le destin de ses vers ?
C'est la marotte
De la calotte

Tel qui, dans la comique scène,
A fait fredonner les sifflets,
Peut faire hurler Melpomène.
Mais qu'en arrivera-t-il après ?
C'est la marotte
De la calotte

Le champignon millionnaire,
Du cru qu'on nomme Quinquempoix,
Par la culbute actionnaire,
Devient ce qu'il fut autrefois.
C'est la marotte
De la calotte

Le faux savant, le faux sincère,
Le faux brave et le faux discret,
Ont chacun dans leur caractère
Le symbole du fou parfait
C'est la marotte
De la calotte

 

Numéro
$4083





Références

F.Fr.9353, p.165 - Lyon, BM, 754, f° 5-6 - Mercure de France, avril 1725, 781-83.