Brevet qui déclare les enfants de Daubergue enfants-nés du Régiment
Nous, Général de la Calotte,
À toute gent porte-marotte,
Savoir faisons, qu’en calotin
Doué d’un esprit d’avertin,
Le Sieur Daubergue est des plus dignes
D’avoir part à nos dons insignes,
Attendu son attachement
À la gloire du Régiment.
Jusque là qu’en face d’église,
Épousant en forme requise
Une beauté dans ce saint lieu,
Moins épris de l’Amour de Dieu
Que de la belle créature
Qui devait être sa future,
Il offrit, la dot l’exigeant,
D’une manière très dévote,
Pour servir de pièce d’argent,
Le médaillon de la calotte.
Le curé l’ayant accepté
Comme un sujet de piété
Propre à telle cérémonie,
L’arrose aussitôt d’eau bénie,
Et prononce les Oremus
Sur la figure de Momus.
Après la messe nuptiale,
Avec la bague conjugale,
Le pasteur prend le médaillon
Et le présente à l’épousée,
Qui se couvrit d’un vermillon,
Car elle savait, la rusée,
Que la médaille n’avait rien
Que de comique et de païen.
À ces causes, rendant justice
Au Sieur Daubergue, et d’autant plus
Qu’il n’a fait le cas par malice,
Ou pour commettre aucun abus,
Voulons par faveur spéciale,
Que tout enfant, femelle ou mâle,
Provenant d’un tel sacrement,
Soit enfant-né du Régiment.
Les exemptons de faire preuve,
Selon notre droit coutumier,
Et l’époux mourant le premier,
Nous continuons à la veuve
Le beau privilège susdit.
Pour les enfants du second lit,
Souffrons, malgré la foi donnée,
Dût-il même en être jaloux,
Qu’amour escroque à l’hyménée
Des droits superflus à l’époux.
Augmentons au susdit Daubergue
Sa pension, gages et droits
Sur les brouillards de la Rouergue,
De mille livres tous les mois,
À telle fin qu’on reconnaisse,
Par une si haute largesse,
Combien tout sujet calotin
Sera sûr de sa récompense.
Torsac, Aymon et Saint-Martin
Tenant la suprême puissance,
Et gouvernant très sagement
Tous les enfants du Régiment.