Brevet pour l’érection d’un buste à Saint Martin
Nous, Torsac, Généralissime
De l’illustre ordre calotin,
Vu l’action rare et sublime
De notre ami de Saint-Martin
Qui, plein d’un zèle incomparable
Pour les statuts du Régiment,
Croit toute manœuvre coupable
Faite pour son avancement ;
Jusque là que, plein de scrupule,
Digne qu'on l’immatricule
Pour servir d’exemple éternel,
Loin d’aller voir son colonel
Pour se faire rendre justice,
Content de faire son service,
Il attend croix, rang, pension,
Sans faire la moindre démarche
Et sans sollicitation.
Mais il vivrait en patriarche
Un millier d’ans qu’il pourrait bien
N’avoir que le nom de doyen,
Pendant que tous ses camarades
Et ses cadets montent aux grades,
S’avancent et font leur chemin
Tant en papier qu’en parchemin.
D’autant plus que, selon l’usage
Suivi par plus d’une homme sage,
Ils vont souvent faire leur cour
Et mettre leur mérite au jour.
À ces causes, comme il est juste,
Ordonnons qu’on lui dresse un buste
Dans la salle de nos États,
Et pour faire voir le grand cas
Que nous faisons de sa personne,
Sur les premier brouillards d’automne,
De notre libéralité,
Et par forme d’indemnité,
Lui déléguons par la présente
Quatorze mille écus de rente,
À prendre en Béarn, vers le mont
Ou de Bidache ou de Gramont.
Enjoignons de la part d’Astrée
Au Prince de cette contrée
De lui donner aide et secours,
Afin qu’un aussi galant homme,
Digne merveille de nos jours,
Puisse recueillir cette somme
Pour faible dédommagement
De son désintéressement.