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Brevet de grand nouvelliste du Régiment de la Calotte en faveur du maréchal d'Isenghien

Brevet du Régiment de la Calotte

qui nomme M. le Maréchal d’Isenghien,

nouvelliste du Régiment

Le dieu badin de la Marotte

À tous amés portant calotte,

Salut, honneur. Savoir faisons

Qu’entre nos plus chers nourrissons

Isenghien, par de grands services

Qu’il rend à l’ordre chaque jour,

Mérite qu’un de nos offices

L’assure de notre retour.

À ces causes, vu l’importance

De s’attacher un tel sujet,

Voulons qu’on le connaisse en France

Pour Grand nouvelliste à brevet,

Et qu’il puisse avec toute assurance

Débiter le faux pour le vrai

D’une nouvelle par semaine

À l’avantage des Français,

Entretenir la sainte haine

Qu’ils conservent pour les Hongrois,

Les combattre, les mettre en fuite,

En héros changer nos soldats,

Et par cette sage conduite

Tenir lieu de ce qui n’est pas.

Et pour récompenser son zèle,

Voulons que dans chaque café,

Par tout amateur de nouvelles

Il soit de caresse étouffé,

Que le plus hardi frénétique,

Le plus endiablé politique,

S’acquitte envers lui du respect

Que doit à son maître un valet.

Et rendant sa gloire complète,

Le préférons à la Gazette,

Attendu que pour mentir mieux

Il a des talents merveilleux.

Si mandons qu’en toute la terre

On l’appelle dorénavant,

Soit dans la paix, soit dans la guerre,

Nouvelliste du Régiment.

Fait et passé dans notre Empire

L’an que l’on vit le Parlement

Craindre d’un mauvais garnement

Les sots discours et le délire1 .

  • 1Mahomet, ragédie de M. de Voltaire, que le Parlement fit défendre aux comédiens-français de la représenter.

Numéro
$4377





Références

Clairambault, F.Fr.12710, p.105-06 - 1754, VI,123-24 - F.Fr.12655, p.291-92 - F.Fr.15150, p.243-46