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Brevet d’inspecteur et réformateur des régiments calotins pour Mr. de Broglio

Brevet d'inspecteur général

réformateur des régiments calotins
pour M. de Broglie
À la chapelle de Momus,
Le Régiment de la Calotte
Disait un jour des Oremus,
Quand le grand dieu porte-marotte,
Descend des cieux, vient à son cri,
Et parcourant toute la ronde :
Broglio, dit-il, mon favori,
Le plus grand calotin du monde,
Ce Rabelais ressuscité,
N'est point dans ma société ?
Lui qui soumet à ma couronne,
Bachus, Cupidon et Bellone,
Ce beau faiseur de quolibets
Qui se rit de tout homme sage,
Président des joyeux banquets
Et de Momus la vive image,
Serait oublié de ma Cour ?
Ah ! vous perdrez plutôt le jour,
Petits calotins de village ;
Je l'installe malgré vos dents,
Inspecteur de mes régiments,
Réformateur de la Calotte,
Et je permets à sa marotte
D'établir nouveaux règlements,
D'inventer maint et maint système,
L'honorant du pouvoir suprême
De disposer de nos sujets,
De débiter visions, songes,
Fables, sornettes et mensonges,
Et fronder en diable et demi.
Contre bon sens, son ennemi,
Il formera la discipline
De notre troupe calotine,
Doublant toujours et grossissant
Les phalanges du régiment,
Élèvera grandes lanternes
Pour illuminer nos casernes,
Construira petites maisons,
Pour enfermer nos bataillons,
Doublera la solde certaine,
Du capitaine et du soldat,
Et n'en voulant charger l'État,
Leur en assignera l'aubaine
Sur tous les brouillards de la Seine.
Défendons à tout charlatan
De débiter dans notre empire,
Le mitridat, l'orvietan,
Sans un ordre exprès dudit sire.
Le créons de plus inspecteur,
Surintendant et contrôleur
De tout inventeur de système,
De machine et de stratagème,
De bateleur, d'opérateur
De tous cerveaux creux, fanatiques,
Nécromanciens, empiriques,
N'ignorant pas qu'il fait la nique,
Aux Dercanus, aux Sébastiens,
Tant par main d'œuvre qu'entretiens,
Vu l'entonnoir et les machines,
Qu'il trouva pour fouiller les mines
Et montagnes du Vivarais.
Et pour subvenir à tels frais,
Soumettons à son intendance,
Les mines de ma dépendance.
Ordonnons à nos beaux esprits,
D'exalter son nom et sa gloire,
Par leurs chants et par leurs écrits.
Mandons aux filles de Mémoire,
D'en grossir maints in-folio,
………………………………
À ces mots le Dieu disparut.
Aussitôt vers Aymon courut
Toute notre troupe riante.
L'on dressa brevet et patente,
Où l'on écrivit seulement
De Momus le commandement,
En forme de bulle divine
Que purement et simplement
Reçut la troupe calotine,
Pour, selon sa forme et teneur,
Installer Broglio inspecteur,
Lui donner la surintendance
De tous les calotins de France,
Et triple calotte de plomb
Par les mains dudit Sieur Aymon.

 

Numéro
$3994





Références

1725, I,42-45 - 1726,51-54 - 1732/1735, I,41-45 - 1752, I,41-45 - F.Fr.9353, f°209r-210v - F.Fr.12785, f°120r-124r - F.Fr.12800, p.187-190 - F.Fr.15016, f°59r-62r - F.Fr.20036, p.61-65 - F.Fr.25570, p.74-78 - Nouv.Acq.Fr. 2485, f°32r-33v - Arsenal, 3359, p.9-10 - BHVP, MS 663, 29v-34r -  BHVP, MS 670, f°131r-134r - Institut, 647, f°25r-27v - Bordeaux BM, MS 700, f°116r-121r - Grenoble BM, MS 587, f°6v-8r - Lille BM, BM 62, p. 231-237 - Lyon BM, MS 754, f°84r-87r