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Brevet de primat de l’Eglise militante à Mr. Fleury, ancien évêque de Fréjus

Brevet de Primat de l’église militante à M. Fleury,
ancien Évêque de Fréjus
Nous, Général de la Calotte,
Savoir faisons avec plaisir
À toute gent porte-marotte,
Que pour satisfaire au désir
Que font paraître nos brigades
D’avoir des chefs et commandants
Qui soient dignes de leurs hauts grades,
Au gré des petits et des grands,
Nous choisissons par la présente
Fleury de Fréjus pour primat
De notre Église militante ;
Attendu que sans être fat,
En refusant très noble mitre
Avec de très gros revenus,
Il a fait voir par ce refus
Qu’il méritait un si haut titre.
Il est vrai que nombre de gens
Qui prennent tout à contresens,
Disent qu’un exemple semblable
Dans la suite serait capable
D’éteindre si fort dans les cœurs
La soif des biens et des grandeurs
Que les plus riches prélatures,
N’étant que des charges très dures
Et toujours pleines d’embarras,
Ne trouveraient plus de prélats.
Mais outre qu’une telle crainte
Est mal fondée en pareil cas,
Pour peu qu’on use de contrainte,
Les sujets ne manqueront pas.
Peu de personnes sont contentes
D’avoir dix mille écus pour rentes,
Ainsi que le susdit Fréjus.
De plus, comme l’on sait que l’âme
N’étant ni matière ni corps,
Est plus légère que la flamme,
Nombre de prélats, esprits forts,
Trouvent leur charge peu pesante,
Surtout quand une croix brillante
Offre plus d’écus à leurs yeux
Que d’âmes à conduire aux cieux.
Or donc, toute crainte cessante,
Ainsi qu’il est dit ci-dessus,
De notre Église militante,
Créons Primat ledit Fréjus.
Lui donnons pour ses honoraires,
Pour profits, gages et salaires,
La somme de cent mille francs,
À prendre sur le doux encens
Résultant du panégyrique
Que tout le corps académique
Fera dans cette occasion
Touchant sa modération,
Modération plus louable
Très certainement qu’imitable.
Lui donnons calotte de plomb
ainsi que notre grand cordon.
Voulons qu’il puisse à son carrosse,
Joindre la marotte à la crosse,
Et porter nos armes en plein,
Pour s’être mis en calotin
Au-dessus de la raillerie,
En méprisant des honneurs vains,
Et refusant duché-pairie
Avec l’archevêché de Reims.

 

Numéro
$4037





Références

1725, I,150-153 - 1726, 103-105 - 1732/1735, I,150-153 - 1752, I,150-153 - F.Fr.9353, f°137v-138v - F.Fr.15014, f°97r-99r - F.Fr.20036, p.193-196 - F.Fr.25570, p.139-141 - Nouv.Acq.Fr. 4773, f°100r-101r - Arsenal, 2935, f°211r-212v - Arsenal, 3359, p.217-219 - BHVP, MS 663, f°243v-246r - Institut, 647, f°77r-78v - Bordeaux BM, MS 700, f°81v-84r - Grenoble BM, MS 587, f°75r-76r - Lille BM, MS 63, p.185-190 - Lyon BM, 751, f°86v-87v - Lyon BM, MS 754, f°58r-59v