Brevet de notaire, garde-note et tabellion du Régiment,
accordé au Sieur Ba[lin]
De par le Dieu porte-marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Salut. Quoique la bonne foi
Dût parmi nous servir de loi,
Cependant comme dans le monde
Tous les jours la malice abonde,
Et que nous sommes bien certains
Que plusieurs de nos calotins
Pourraient manquer à leur parole,
Jouer l'infâme et vilain rôle
De se parjurer par serment,
Rôle chéri présentement.
À ces causes, un bon notaire
Étant devenu nécessaire
Contre les tours d'un cœur malin,
Nous choisissons le Sieur Ba[lin],
Homme d'une droiture exacte,
Pour recevoir et dresser acte,
Et toute sorte de contrat,
En si bon style et si bon ordre,
Que chicane ne trouve pas
Le plus petit sujet à mordre
Aux actes du suppôt de Law,
ce grand inventeur de la banque,
Où gisaient millions à tas,
Et dont un seul denier ne manque.
Nous créons par ce mandement,
Le dit Ba[lin] premier notaire
De notre illustre Régiment,
Comme entendu dans toute affaire.
Témoins cinq ou six millions
Qu'il a gagnés par le Système,
Au regret des tabellions
Qui n'en ont pas usé de même.
C'est pourquoi notre cœur enclin
À témoigner au dit Ba[lin]
Combien il est dans notre estime,
Permettons qu'en couleur minime,
Il puisse porter velours ras ;
Lui donnons girouettes, rats,
Avec une double Calotte.
De plus, au susdit Garde-note
Pour appointements, gage et droits
Fixons deux mille écus tournois,
À recevoir sur la fumée
Et vapeur qui s'exhalera
Des billets que l'on brûlera
À la manière accoutumée.
Le faisons notre grand cordon.
Signé Torsac, plus bas Aymon.