Brevet de lieutenant de la brigade des chevaliers errants
pour le Sieur Bessonneau, officier d’infanterie
De par Momus, notre seul maître,
Nous, grand calotin, né pour l’être,
Sur ce qu’étant bien informé
Des longs et périlleux voyages
Que Bessonneau dit notre aîné
A fait en ses différents âges
À Versailles, à Orléans,
Et fait encore depuis un temps,
En outre aussi ses autres courses,
Ses découvertes, ses ressources.
À ces causes, nous le créons
Par ces lettres, nous lui donnons
Commission et privilège
D’aller et venir sans cortège
Sur notre simple mandement
Dans tous les lieux du Régiment
Où, pour l’honneur de la Marotte,
On révère notre calotte.
L’incorporons aux lieutenants
De la brigade des errants.
Assignons notre récompense
Sur notre corne d’abondance
Où, pour gages et revenus,
Il touchera dix mil écus ;
Plus un habit de crapaudaille
Enrichi de notre médaille.
Qu’en tous pays et en tous temps
Soit à la ville, soit aux champs,
Il portera à sa franchise
Et sauvegarde de main-mise
Afin que, par ces droits nouveaux,
Cheminant par monts et par vaux,
Il égale par son allure
Le héros de triste figure.
Voulons que sur ce beau modèle,
Monté sur un vieil haridel,
Il promène sa dulcinée
En divers pays et contrée,
Surtout en terrain calotin,
Lune éclairant soir et matin,
Et de notre grâce ineffable
L’honorons du don mémorable
De notre calotte et cordon
Sous le signe du grand Momon,
Où furent faites ces présentes
Vers l’an quatre au-dessous de trente
De l’ère dite sept cent.
Signé Torsac, Aymon présent.