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Brevet de grand écuyer du Régiment pour M. le Duc de Nevers

Brevet de grand écuyer

du Régiment de la Calotte,
pour M. le Duc de Nevers
Nous, chef et dieu de la Marotte,
Souverain de la gent falote
Qui peuple le vaste univers,
À M. le Duc de Nevers,
Salut et bonne renommée.
Sur les bruits qui, de notre armée,
Jusqu’à nous sont parvenus,
Touchant les différents usages
Que vous faites des revenus,
Des appointements et des gages,
Qui sont confiés à vos soins ;
Ayant entendu les témoins,
Qui, de votre bravoure extrême
Ont fait un éloge suprême,
Et vanté vos faits glorieux,
Dignes de Jules, vos aïeux ;
De plus, sur l’honnête tendresse
Que votre tante, la Duchesse,
Exige de vous chaque jour,
Que la médisante chronique
Appelle à tort du nom d’amour ;
Ayant une preuve authentique
Du décent et profond respect,
Qui vous saisit au seul aspect
De Sa Majesté Catholique1 ,
Voulant, comme un Dieu magnifique,
Récompenser tant de vertu,
De notre pouvoir absolu,
En vous accordant nos patentes,
Nous vous créons, par ces présentes,
Grand Écuyer du Régiment.
Entendons que dorénavant,
Nos carrosses, nos équipages,
Et nos chariots de bagages,
Chevaux, mulets, valets de pieds,
Postillons, coches, palefreniers,
Ne reconnaissent que votre ordre,
Et qu’ils n’osent trouver à mordre
Aux usages particuliers
Que vous ferez de tous deniers
Destinés à notre écurie.
Voulons, qu’à votre fantaisie,
Ils soient payés ou non payés.
Desdits fonds vous vous servirez
Et n’en rendrez compte à personne.
Quant au grand métier de Bellone
Que vous faites depuis longtemps
Avec des succès éclatants,
Craignant d’exposer davantage
Les jours d’un si grand personnage,
Vous ordonnons absolument,
Quoiqu’en puisse dire l’envie,
De bien ménager votre vie,
Et la préserver des hasards
Qu’on court à la suite de Mars.
Vous enjoignons en conséquence,
De n’avoir pour votre défense
Que casque, cuirasse et cuissards,
Sans porter jamais cimeterre,
Ni tel ustensile de guerre,
Pas même lorsque près de nous
Vous serez pour notre service.
Voulant, en dépit des jaloux,
Que vous remplissiez cet office,
Ainsi que vous aviserez.
Partant, vous vous dispenserez
De porter gants, chapeau, perruque,
Toutes fois que vous le voudrez,
Et que votre tante caduque
Aura paru le trouver bon.
D’autant que sa permission
À tous actes est nécessaire.
Voulons, que le Révérend Père,
Désigné pour le successeur
De Margon, notre confesseur,
De vos secrets dépositaire,
Ait sa part de l’argent comptant
Qu’escroquerez au Régiment.
Fait dans notre conseil suprême,
Le grand jour qu’à Brancas-Systême
Vous avez demandé pardon.
Signé Momus, plus bas, Aymon.

 

  • 1 Il avait coutume d’aller familièrement dans les appartements de la Reine d’Espagne, sans épée, sans chapeau, sans perruque et en bonnet (M.)

Numéro
$4241


Année
1717




Références

1732/1735, III,62-64 - 1752, III,62-64 - F.Fr.12785, f°156 v-157r -  F.Fr.15014, f°229r-231r - F.Fr.25570, p.387-90 - Nouv.Acq.Fr. 2485, f°147 - Nouv.Acq.Fr. 4773, f°23r-24v - Arsenal, 2935, f°254r-255v - Arsenal 2975, p.52-53 - Arsenal, 3359, p.260-63 - Mazarine, 3971, p.54-60 - Bordeaux BM, MS 693, p. 684-87 - Bordeaux BM, MS 700, f°323v-326v - Grenoble BM, MS 587, f°133v-135r - Lille,BM, MS 64, p.221-26 - Bois-Jourdain, III, 109-11