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Brevet de contrôleur des bâtiments du Régiment de la Calotte pour M. de Bernage prévôt des marchands, à l'occasion du feu qu'il a fait dresser pour la convalescence du Roi

Brevet de contrôleur

des bâtiments du Régiment de la Calotte1

De par le bon vieil dieu Momus,

Salut à ce Monsieur Hustus,

Messire Louis-Bazile de Bernage,

Chevalier seigneur du rivage

Que dans Paris Grève on nomme,

Place célèbre plus que Rome,

À tous présents et à venir

Calotins de ce bel empire,

Savoir faisons et ordonnons,

Avons statué et voulons,

Qu’à l’instar de nos échevins

Chacun se noye dans le vin.

Mais ce n’est point encor le hic,

Laissons même cette musique.

Nous ne croyons point nécessaire

De défendre que dans les airs

Nos sujets se laissent emporter,

N’étant que trop persuadés

Que dans les rues ils tomberont

Plutôt le nez dans les étrons.

Après quoi, dans cet équipage

Voulons qu’à Monsieur de Bernage

Par de tendres embrassements,

Ils montrent leurs contentements

De la façon dont, avec goût,

Dans la fête il ordonne tout ;

Comme aussi voulons qu’on admire,

Que librement l’on puisse rire

Tant dans la suite qu’à présent

Lorsqu’on verra ce bâtiment,

Ce temple que, soir et matin,

Doit desservir un calotin.

Entendons que cet escogriffe

Le jour du Feu en soit pontife,

Et qu’en vertu de nos présentes,

Sans qu’il soit besoin de patentes,

Il y loge avec sa famille,

Et qu’il puisse y jouer aux quilles.

Défendons à tout mécontent

De l’appeler impertinent.

Voulons qu’aux personnes sensées,

Porte et fenêtre soient fermées ;

Qu’il soit gravé, non sur du beurre,

Mais sur matière convenable

Par le plus célèbre graveur,

Une inscription préalable

Propre au sujet : Sit exemplum

Puchrum calotinae templum.

Le créons par ce mandement

Contrôleur de nos bâtiments,

Lui permettons par çi par là

D’illuminer cahin caha

Dans les caves et dans les rues ;

Surtout que personne n’ait vue

Sur ce chef-d’œuvre, c’est le hoc ;

Un intendant du Languedoc

Ne doit point se communiquer,

Car vous pourriez vous en moquer.

Enjoignons à nos subalternes,

Dans les cafés, dans les tavernes,

De respecter Sieur de Bernage

Comme calotin d’haut lignage ;

Et qui plus est, lui accordons

La fumée de tous les lampions

Que dans Paris l’on brûlera

Et que lui seul avalera

De plomb une triple calotte

De bon calibre pondérant

S’il le veut même une culotte.

Fait en septembre l’an quarante

Deux fois deux, scellé Aymon,

De par Momus, signé Tampon2 .

  • 1Brevet de contrôleur des bâtiments du Régiment de la Calotte, pour M. de Bernage, prévôt des marchands, à l’occasion du feu qu’il a fait dresser pour la convalescence du Roi.
  • 2Cette pièce est aussi mauvaise que le sujet qui y a donné lieu. On peut dire en général que les réjouissances publiques à Paris, à l’occasion de la convalescence du Roi, ont été aussi abondantes que mal ordonnées ; le zèle et l’empressement des particuliers fait leur excuse, mais le mauvais goût du prévôt de marhands, mal dirigé par ceux qui l’environnent, lui ont fait faire beaucoup de dépense au nom de la ville sans aucune satisfation du peuple et sans honneur pour lui (Bois-Jourdain)

Numéro
$4461


Année
1744 septembre




Références

1754, VI,131-33 - F.Fr.10477, f°136-37 - Lille BM, MS 62, p.143-47 - Bois-Jourdain, III, 116-18