Brevet de 6 000 livres de pension au Sieur Moreau
    Nous, Philippe-Emmanuel de Torsac, par la grâce de Dieu Généralissime de la Calotte, étant informé que le Sieur Moreau, chevalier de l’ardente épée, réparateur des torts, défenseur des droits et des privilèges du Corps Helvétique, inspecteur des livrées du Roi, commandant la brigade des enfants perdus de notre Régiment, se serait signalé par plusieurs actions éclatantes et dignes de l’emploi dont nous l’avons pourvu. Comme il a toujours surpassé tous ceux qui l’ont précédé, nous avons fait assembler un conseil extraordinaire sur le Champ de Mars, avec ordre à nos Hérauts d’armes de l’annoncer au son des trompettes et de la manière la plus auguste, pour donner de l’émulation à tous nos officiers et le rendre respectable par la difficulté qu’il y a de l’imiter. Le récit de tant de hauts faits sur la Place Olympique et sur les quais de Lutèce, le sanglant combat qu’il fit dans les bois de Trudaine pour l’enlèvement de la Capote, le font regarder comme un autre Jason, et nous font oublier les exploits de ces célèbres chevaliers errants, Perceforest, Morgan, Primaleon, Roland, Amadis. Ainsi l’honneur du corps que nous commandons exige de nos soins que ces actions soient transmises à la postérité et jouissent de leurs justes récompenses.
    À ces causes, de l’avis de notre Conseil, nous avons ordonné au Sr. Binet de la Poularde, l’un de nos historiographes, d’en faire des annales particulières, dont l’original sera mis en dépôt dans nos archives, et ensuite nous avons accordé au Sr. Moreau, pour récompense, une pension annuelle de 6 000 livres, pour être payée sa vie durant sur ses simples quittances par les gardes de notre trésor, présents et à venir, chacun en l’année de son exercice, suivant les états ou ordonnances qui seront expédiées en vertu du présent brevet, que pour assurance de notre volonté, nous avons signé de notre main et fait contresigner par le secrétaire des commandements.