Brevet d’avocat accordé au Marquis de Tessé, Capitaine des gardes de M. le Duc.
Brevet d'avocat accordé au Marquis de Tessé
capitaine des gardes de M. le Duc
Nous, Philippe-Emmanuel de Torsac, en considération de nos hauts faits élevé à la dignité éminente de Généralissime de la Calotte, à tous ceux qui ces présentes verront, salut. L'éloquence qui fit autrefois tant d'honneur aux Grecs et aux Romains, et qui nous fait admirer au bout de 2 000 ans Démosthène et Cicéron, nous oblige de guerdonner ceux qui par une présomption hardie s'efforcent de surpasser ces grands hommes pour la faire davantage fleurir dans notre Régiment. Le Marquis de Tessé, que la nature a doué de l'art oratoire, art qu'il a cultivé depuis quelque temps par de fréquentes conférences avec les Cicérons français pour tâcher de parvenir à ce haut degré qui nous acquiert l'immortalité, nous donne de l'admiration par les grands progrès qu'il fait dans la belle élocution, ce qui le met en parallèle avec les plus fameux orateurs de l'antiquité. Témoin le célèbre plaidoyer qu'il vient de faire, par lequel il a obtenu la confiscation de 30 000 cochons qu'il comptait de vendre aux juifs, comme à des gens à qui toutes sortes de marchandises sont propres. Une telle idée est digne de notre illustre corps et nous engage, pour ne pas laisser la vertu sans récompense, de le pourvoir promptement d'un emploi qui cadre à des talents si rares.
A ces causes, de l'avis de notre conseil, ouï le rapport de notre féal le Sieur de Celi, chancelier du régiment, nous donnons par ces présentes audit Marquis de T… la charge d'avocat des calotins pour plaider en tant que besoin sera, et ainsi qu'il trouvera bien être à l'avantage de notre milice dans tous les tribunaux où il y aura des actions intentées contre nosdits officiers calotins, telles qu'escalades de couvents, commerce avec les religieuses et avec leurs pensionnaires, étourderies qui causent des ruptures entre mari et femme, mariages clandestins, fausses promesses pour suborner des novices, et voulons qu'en pareilles affaires qui intéressent l'un et l'autre sexe, il emploie son éloquence et sa sagacité pour séduire les juges et les faire prononcer en faveur de nos calotins.
Ordonnons que, pour marque de sa charge, il porte la calotte de plomb et soit vêtu d'une robe à manches plissées de satin vert, qui sera semée de rats et de papillons de différentes couleurs avec une cotte d'armes par dessus de la même couleur, où sera écrite en broderie la devise de notre régiment. De plus lui permettons de faire porter devant lui le sceptre de Momus pour imprimer le respect dû aux officiers qui, comme lui, font fleurir l'empire calotin, et en sont les illustres défenseurs ; et pour récompenser les travaux annexés à la charge, lui donnons 24 000 livres à prendre sur le produit des monopoles qui se font au préjudice de nos ordonnances et qui se découvrent tous les jours par l'application du Sieur de Saint-Martin, commandant la brigade de gladiateurs de notre régiment. N'entendons pourtant que soient compris dans lesdits monopoles l'antimoine, le mercure et autres drogues propres à la guérison des maladies secrètes, que nous voulons être données gratis aux chirurgiens de nos brigades, pour s'en servir dans les fréquents besoins qu'en ont nos calotins. Arrêté au conseil de régiment. Signé Fr…
Par apostille.
Ordonnons à Morel notre premier secrétaire, de lui délivrer gratis toutes ordonnances à ce nécessaires. Arrêté au conseil de régiment.
Signé Torsac, et plus bas Aymon.
1725, I,3-7 - 1726, 82-85 - 1732/1735, I,9-12 - 1752, I,9-12 - F.Fr.9353, f°132v-134r - F.Fr.15016, f°65r-67v - F.Fr.20036, p.8-12 - F.Fr.25570, p.32-34 - Nouv.Acq.Fr. 2485, f°180r-181v - Arsenal, 3359, p.33-36 - BHVP, MS 663, f°34r-38v - Institut, 647, f°11r-12v - Bordeaux BM, MS 700, f°90r-95r - Grenoble BM, MS 587 (non paginé) - Lille BM, MS 65, p.180-85 - Lyon BM, MS 754, f°42r-43v